"C'est pas une vie": vers un grand mouvement de désobéissance des restaurateurs?

Après l'appel d'un restaurateur du Doubs à ouvrir le 1er février, un restaurateur niçois a ouvert ses portes en fanfare mercredi.
Les restaurateurs appelés a ouvrir leurs établissement lundi prochain et a accueillir leur clientèle. C'est le mouvement qui est en train de naître en France à l'initiative d'un restaurateur du Doubs intervenu sur notre antenne la semaine dernière. Un mouvement de désobéissance civile qui inquiète les autorités.
Les restaurateurs qui ouvriraient malgré les interdictions risquent gros : d'importantes amendes et même une peine de prison. Mercredi pourtant, un restaurateur niçois a déjà ouvert. Les clients ont pu manger en salle, sans masques. Convoqué mercredi soir au commissariat, le restaurateur a été placé en garde à vue car son cuisinier est en situation irrégulière.
La préfecture des Alpes-Maritimes a indiqué dans la soirée que "les personnes identifiées qui ont pris part à ce rassemblement interdit ont été où seront toutes verbalisées.".
"Ce qu'on veut, c'est retrouver notre liberté, notre joie de vivre, côtoyer du monde"
Nous étions à ce repas qui n'avait rien de clandestin. Un dhal de lentilles ou des gnocchis, pour la première fois depuis octobre dernier, les clients de ce restaurant niçois ont pu déguster leur repas attablé à sous la terrasse couverte de Christophe Wilson. Le patron de l'établissement l'assure : il n'a pas d'autre choix face à l'absence de perspectives de réouvertures.
"Je ne peut plus payer les employés. On ne se paye. Ce n'est pas une vie. On n'est pas là pour faire de la restauration à emporter mais pour servir des clients à table tous les jours."
Une centaine de clients - mis au courant par le bouche-à-oreille- sont venus profiter de l'occasion.
"Nous sommes solidaires de ce restaurateur parce que justement, il prend beaucoup de risques. Ce qu'on veut, c'est retrouver notre liberté, notre joie de vivre, côtoyer du monde. C'est ça la vie. On ne peut pas rester sous une cloche."
"Je suis convaincu que le risque en vaut la chandelle"
Une ouverture illégale que justifie pourtant le restaurateur niçois.
"Je suis convaincu que le risque en vaut la chandelle. Si moi je peux donner l'élan à toute la profession qui ne peut pas rester comme ça..."
Ce mouvement de protestation a été lancé par Stéphane Turillon, restaurateur installé dans le Doubs.
"Ce n'est pas dans la rue qu'on doit taper, c'est dans nos commerces qu'on doit taper. Nous sommes restaurateurs, accueillons nos clients. Faisons une manifestation nationale, individuelle, personnelle pour défendre notre droit de travailler, notre commerce."
"C'est plus symbolique qu'autre chose, vraiment"
Une initiative que va suivre, Valérie, restauratrice dans le 18e arrondissement de Paris en servant lundi ses clients à table.
"C'est plus symbolique qu'autre chose, vraiment. C'est pour pas qu'on nous oublie. Pour dresser des tables, mettre des couverts. Remettre un petit peu une âme dans ce restaurant qui est vide depuis beaucoup trop longtemps."
"Totalement irresponsable", pour le syndicat des restaurateurs
Ces ouvertures même symboliques ne règlent rien dénonce Jean Terlon, représentant de l'UMIH, l'union des restaurateurs.
"Je trouve ça totalement irresponsable, des combats on en a menés à l'UMIH. On sait les mener. Là, c'est un mauvais combat, c'est une mauvaise décision, ça n'a aucun sens."
Les restaurateurs qui ouvrent risquent gros: jusqu'à deux ans d'emprisonnement et de 3.750 euros d'amende.
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