"C'est un soulagement de quitter l’hôpital": un tiers des infirmiers veut changer de métier après la crise sanitaire
Les infirmières et infirmiers se posent beaucoup de questions. Un tiers d'entre eux estime que "la crise sanitaire leur donne l'envie de changer de métier".
Infirmier depuis 10 ans, Thomas travaillait à l’hôpital Edouard Herriot de Lyon. Il a finalement rendu sa blouse: "J'ai passé tout l’été à travailler en sous-effectif avec un manque de matériel et même de draps. Début août, il y avait une journée où il manquait trois personnes sur neuf, j'ai fini ma journée je me suis décidé à faire ma lettre de démission et partir".
Un changement total de vie attend Thomas: à 35 ans, il repart de zéro: "Je suis en train de déménager et en janvier je vais faire une formation pour adulte de deux mois pour apprendre les bases du métier de libraire. C'est un soulagement de quitter l’hôpital".
Thomas n’est pas seul à arrêter ce métier. Dans une consultation réalisée début octobre, l'Ordre National des Infirmiers décrit une organisation fragilisée. Ainsi, 37% des infirmiers estiment que "la crise sanitaire leur donne l'envie de changer de métier", 43% "ne savent pas s'ils seront infirmiers dans 5 ans".
"Éviter de supprimer les congés et respecter les temps de repos"
Patrick Chamboredon, président du Conseil national de l’ordre des infirmiers, est témoin de nombreux burn-out. Pour lui, il y a urgence à agir sur un certain nombre de dysfonctionnement: "Quand eux-mêmes sont positifs, il faut éviter qu'ils travaillent parce que c'est un grand stress et une grande fatigue, on ne veut pas contaminer les patients. Il faut aussi éviter de supprimer les congés et respecter les temps de repos. C'est tout un tas de mesure du quotidien de prendre soin des infirmiers pour qu'il puisse continuer à exercer.
Des solutions pour éviter les départs mais aussi rendre plus attractif le métier d'infirmier alors que l'épidémie est en train de repartir en France. Les nouvelles contaminations, plus de 16.000 au cours des dernières 24 heures, près de 27.000 la veille, ne cessent d'augmenter, de même que les admissions en réanimation. On comptait 1483 patients dans les services de réanimation dimanche, un record depuis mai.
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