"C'est une marque de mépris extrêmement profond": Céline Parisot insiste après la nomination d'Eric Dupond-Moretti comme garde des Sceaux

L'ancien avocat de Patrick Balkany, de Jérôme Cahuzac, mais aussi du frère de Mohamed Merah a pris la suite de Nicole Belloubet six mois après un mouvement historique de grève des avocats contre la réforme des retraites.
Les réactions ne se sont pas faites attendre. Dès la nomination surprise d’Eric Dupond-Moretti comme nouveau ministre de la Justice, Céline Parisot, la présidente de l'Union syndicale des magistrats, a indiqué qu’il s’agissait d’une “déclaration de guerre à la magistrature”.
Invitée sur RMC ce matin, elle a précisé sa déclaration.
“Nommer quelqu’un qui méprise aussi ouvertement les magistrats, je ne vois pas comment on pourrait qualifier ça autrement. C’est une personne qui insulte régulièrement la magistrature, critique tant ce qu’elle représente que sa manière d’exercer. Il est contre les juges d’instruction, il est contre l'École nationale de la magistrature qu’il aurait préféré voir disparaître. C’est difficile de le prendre autrement que comme une marque de mépris extrêmement profond”, estime-t-elle.
La justice déconsidérée ?
Si elle espère qu’en tant que garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, ait un positionnement moins clivant elle se dit inquiète, car ce qu’il a pu déclarer ou montrer jusqu’à présent ne va pas dans ce sens.
“Pour l’instant toutes les déclarations qu’il a pu faire en tant qu’avocat représentent l’inverse de ce que porte l’Union syndicale des magistrats. Ce n’est pas un problème en soit qu’il soit avocat, on a vu passer des gardes des Sceaux-avocats qui ont été de grands noms, la difficulté n’est pas là. La difficulté, c’est vraiment le positionnement qu’il a eu jusqu’à présent, où il s’est toujours confronté à la magistrature en la critiquant et en l’insultant. Espérons que c’était un positionnement conjoncturel et qu’il va revenir à de meilleures dispositions parce que sinon on ne pourra pas discuter. Or nous ce qu’on souhaite, c’est faire progresser la justice”, indique-t-elle.
Outre cette nomination historique car Eric Dupond-Moretti est le premier avocat judiciaire depuis Robert Badinter à être nommé garde des Sceaux, Céline Parisot regrette aussi la place à laquelle est renvoyée la Justice lors de ce remaniement. En effet, dans l’ordre protocolaire, le ministère est placé à la dixième place.
“Ca montre quand même le peu d’importance avec laquelle la justice est considérée. On a vu pendant la crise sanitaire que les déclarations, c’étaient “la justice a arrêté de fonctionner, la justice a fermé”. Mais pourquoi la justice a eu de mal à fonctionner ? C’est parce qu’elle est en grande difficulté aujourd’hui, qu’on a des difficultés informatiques phénoménales et si la réponse, c’est de nous déconsidérer totalement, ça pose quand même un sacré problème. Nous ce qu’on souhaite, c’est que les choses s’améliorent”, assure-t-elle.
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