"Ca va éloigner les victimes": des médecins doutent de la levée du secret médical pour les violences conjugales

Avec une nouvelle loi, un médecin peut déroger au secret professionnel s'il estime qu'une victime de violences conjugales est en danger immédiat.
La proposition de loi pour protéger les victimes de violences conjugales a été définitivement adoptée après un dernier vote au Sénat mercredi. Parmi les principales mesures: l'exception au secret médical.
Concrètement, un médecin généraliste ou un tout autre professionnel de santé peut déroger au secret professionnel lorsqu'il "estime en conscience" que les violences mettent la vie de la victime "en danger immédiat" et qu'il y a situation d'emprise.
"Cette loi va laisser croire aux femmes victimes qu'à cause de cette loi les médecins les signaleraient contre leur avis"
Mais pour le médecin généraliste Gilles Lazimi, cette exception au secret médical ne changera rien, au contraire, elle risque de nuire à la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales.
"C'est une mesure de bonne intention qui est malheureusement inutile. Car il est déjà autorisé de déroger au secret médical si la personne est vlnérable où s'il y a un danger vital.
Et deuxièmement elle aura un effet pervers. Elle va laisser croire aux femmes victimes qu'à cause de cette loi les médecins les signaleraient contre leur avis. C'est très grave. Ca veut dire que ça va éloigner des cabinets médicaux les victimes.
Quand on accompagne une victime de violences, il faut la considérer, la respecter, faire avec elle. On ne fait pas le bien des gens sans eux."
Parmi les autres mesures de cette loi figurent également un alourdissement des peines en cas de harcèlement au sein du couple à 10 ans de prison lorsqu'il conduit à un suicide ou une tentative. La violation du secret des correspondances par un conjoint ou ex-conjoint devient également une circonstance aggravante.
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