Carlos Ghosn de nouveau interpellé à Tokyo: que lui reproche la justice japonaise désormais?

L'ancien PDG de Renault-Nissan a été interpellé à Tokyo sur de nouveaux soupçons de malversations financières. Il dénonce une "arrestation révoltante".
L'histoire se répète. L'ancien PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn a été interpellé jeudi matin à son domicile de Tokyo sur de nouveaux soupçons de malversations financières, un mois à peine après avoir été libéré sous caution, une arrestation qu'il a jugée "révoltante et arbitraire".
Carlos Ghosn est soupçonné, cette fois, d'"abus de confiance aggravé": il est soupçonné d'avoir utilisé la réserve du PDG de Nissan pour des transferts d'argent de 27 millions d'euros pour le compte d'un distribiteur de voitures à Oman. Un montant dont une partie lui serait revenu indirectement, selon une source proche du dossier. Une opération frauduleuse qui lui aurait ainsi permis d'acheter un yacht et d'investir dans la société dirigé par son fils, aux Etats-Unis.
Les enquêteurs du bureau des procureurs se sont rendus au petit matin à son immeuble. Le magnat de l'automobile a été conduit au centre de détention de Kosuge.
Il est "extrêmement rare" qu'un suspect soit ré-arrêté après avoir été relâché, soulignaient les médias locaux.
Sa libération le 6 mars, moyennant le paiement d'une caution d'un milliard de yens (8 millions d'euros), avait déjà surpris. Par le passé, des détentions pour des cas similaires avaient duré beaucoup plus longtemps mais l'affaire Ghosn, de par la notoriété du suspect, a jeté une lumière crue sur le système judiciaire japonais, soulevant des critiques à l'étranger.
"Manoeuvre de Nissan"
"Pourquoi venir m'arrêter alors que je n'entravais en rien la procédure en cours, sinon pour me briser?", a lancé le magnat de l'automobile déchu dans un communiqué. Et d'ajouter: "Je suis innocent de toutes les accusations infondées portées contre moi et des faits qui me sont reprochés".
Cette arrestation "fait partie d'une nouvelle manoeuvre de certains individus chez Nissan qui vise à m'empêcher de me défendre en manipulant les procureurs", a-t-il accusé, reprenant le thème du "complot" brandi dans de précédentes interviews accordées en prison.
Son avocat Junichiro Hironaka s'est lui aussi insurgé contre les méthodes du parquet: "Nous ne comprenons pas pourquoi ils ont besoin de le placer en détention. (...) C'est extrêmement injuste".
Ce nouveau rebondissement dans un interminable feuilleton, qui s'est ouvert le 19 novembre avec l'arrestation surprise de celui qui était alors le tout-puissant PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, intervient alors même qu'il avait décidé de prendre la parole pour la première fois depuis sa sortie de prison.
Carlos Ghosn, 65 ans, avait en effet ouvert un compte Twitter mercredi et annoncé de façon impromptue, qu'il s'exprimerait devant la presse le 11 avril:
"Je me tiens prêt à dire la vérité à propos de ce qui se passe. Conférence de presse jeudi 11 avril", avait-il écrit dans un court message sur un compte certifié, qui, selon une porte-parole, est administré par ses avocats.
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