Ces réfugiés arrivés en France qui sont déjà repartis vers l’Allemagne

La semaine dernière, RMC vous racontait l’histoire de ces réfugiés accueillis au monastère de Bonnelles, dans les Yvelines. Nous y sommes retournés, et nous avons constaté que sur ces 78 migrants, entre dix et vingt personnes... sont déjà reparties vers l’Allemagne. Explications.
Alors que l’Europe s’écharpe pour savoir comment répartir équitablement l’accueil des réfugiés, RMC est retourné au monastère de Bonnelles, dans les Yvelines, où des bénévoles de l'association "Habitat et Humanisme", un mouvement de lutte contre le mal logement, prennent soins d’une cinquantaine de réfugiés. Parmi cette majorité d’hommes seuls, il y a deux familles avec leurs trois enfants.
Ces réfugiés syriens et irakiens se reposent au monastère des Orantes, un lieu calme et isolé au coeur de la forêt, après leur long périple. Tous attendent d'obtenir leur titre de séjour pour s'installer en France et pouvoir débuter une nouvelle vie.
"De meilleures chances en Allemagne", selon eux
Mais à Bonnelles, RMC a constaté que sur les 78 personnes accueillies, entre dix et vingt migrants sont déjà repartis vers Allemagne. Laurent Ségala, bénévole de l'association "Habitat et Humanisme", en une semaine, a déjà observé une série de départs.
"Il semble que certains, une fois arrivés ici, pour des raisons qu’on ignore, ont trouvé qu’ils auraient peut-être de meilleures chances en Allemagne", indique-t-il à RMC. "Et quand je dis meilleures chances, ce sont de meilleures chances d’avoir des papiers, d’avoir un travail".
Florent Gueguen, le directeur général de la Fnars, une fédération d'associations de solidarité, n'est pas étonné.
"En Grande-Bretagne, en Allemagne, c’est plus facile de travailler", insiste-t-il. "D’abord parce que le droit au travail est immédiatement mobilisable pour les demandeurs d’asile. Ce n’est pas le cas en France".
La France n'a pas bonne réputation
Mais il y aussi le barrage de la langue, la plupart des Syriens ne sont pas francophones, et la question des attaches communautaires: en Allemagne la diaspora syrienne est bien plus importante. Par ailleurs la France n'aurait pas bonne réputation sur la qualité de l'accueil.
"Ils communiquent entre eux par Internet", précise Laurent Ségala. "Il y a beaucoup de rumeurs, plus ou moins fondées, qui circulent entre eux. Parmi ces rumeurs, il y a le fait que l’Allemagne offrirait un avenir plus favorable que la France".
Certains ne savaient pas où ils allaient
Les responsables d’associations admettent d'ailleurs que le nombre de réfugiés qui arrivent dans les centres d'hébergement ne correspond que rarement à ce qui était prévu.
"Ces familles, qui sont accueillies en France, n’avaient pas choisi la France à l’origine pour demander l’asile", a repris Florent Gueguen. "Elles avaient très majoritairement choisi de s’installer en Allemagne. Certaines sont montées dans des bus sans savoir précisément où elles allaient être accueillies".
Sur les 600 réfugiés environ accueillis en France, selon les chiffres de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), il est impossible d’avoir un décompte précis du nombre de personnes qui sont d'ores et déjà repartis vers l'Allemagne.