Écoles: quand la minute de silence "part en vrille"

Plusieurs élèves de différents établissements scolaires ont refusé de respecter la minute de silence en hommage aux victimes des attentats contre Charlie Hebdo, vendredi. Des professeurs témoignent sur RMC et se disent désarmés devant de telles attitudes.
Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Éducation nationale, a reçu lundi les syndicats enseignants et de parents d'élèves, après les attentats de la semaine dernière. Une réunion pour aborder les incidents survenus dans des établissements scolaires pendant la minute de silence en hommage aux victimes de Charlie Hebdo, vendredi. Selon le ministère, 70 établissements (sur 64.000) ont déclaré avoir connu des perturbations : des sifflets ou des protestations de la part d'élèves. Mais beaucoup plus d'établissements pourraient être concernés.
Eric est enseignant à Clichy-sous-Bois en Seine-St-Denis, dans une classe de CM2. Sur RMC, il raconte que certains de ses élèves "sont arrivés à l'école plein de colère", vendredi. "Ils disaient que les journalistes (de Charlie Hebdo) l'avaient quand même bien cherché, qu'ils leur suffisaient d'arrêter de dessiner le prophète et ils n'auraient pas de problème".
Eric raconte qu'il a entamé un débat avec ses élèves, réussissant à en faire rentrer certains "dans le rang". Mais 4 élèves sur 17 ont refusé catégoriquement de prendre part à la minute de silence.
"Ils disaient qu'ils l'avaient quand même bien cherché"
Ce refus n'a pas concerné que des établissements sensibles de la banlieue parisienne. Marie-Ange, est professeur dans la Drôme. Elle aussi a été confrontée à "des élèves braqués". Hasard du calendrier, elle est intervenue en fin de semaine dernière devant une dizaine de classes de 4e pour des ateliers autour de la liberté d'expression. Elle a appelé Jean-Jacques Bourdin au 3216 ce mardi pour raconter. "Vu l'actualité, j'ai été contrainte de parler des évènements (de Charlie Hebdo). Tout s'est très bien passé, avec des élèves attentifs, calmes, qui posaient de bonnes questions. Mais quand on a signalé qu'il y aurait une minute de silence, c'est parti en vrille", se désole-t-elle. "Il y a une gamine qui a mal réagi. Elle a dit qu'il fallait qu'on la respecte, qu'elle n'allait pas faire une minute de silence pour ceux qui assassinait ses frères. Il a fallu la sortir. Elle justifiait tout par Allah: c'est Allah qui l'a dit, c'est Allah qui l'a voulu, c'est tant pis pour eux ils l'ont cherché".
"On n'est pas formés pour ça"
Mais cette élève n'était pas la seule à rejeter l'hommage aux victimes des attentats. "Le professeur qui était sorti avec cette élève a constaté que sortait dans les couloirs tous les élèves qui ne souhaitaient pas faire la minute de silence dans les autres classes, poursuit Marie-Ange. Ils se sont regroupés bien sûr, en s'auto félicitant". "On est tous atterrés parce que jusque-là tout c'était bien passé".
Atterrés, mais aussi dépassés. "On n'est pas formés pour ça", rappelle Henri, prof d'histoire à Saint-Ouen, en Seine-St-Denis, dont cinq de ses élèves ont refusé de participer à la minute de silence. "On ne peut pas nous demander d'enseigner les maths, le Français, le sport… et puis de l'autre côté nous dire 'vous allez incarner la République et vous allez rattraper tout ce qui n'a pas été fait depuis des années'".
Si ces incidents doivent interpeller, à l'échelle du pays, ils sont malgré tout restés marginaux. Et ont rarement concerné plus de 4 ou 5 élèves par classe.
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