Comment les professionnels de la montagne se mobilisent-ils pour tenter de faire ouvrir les stations de ski?

Plusieurs manifestations ont été organisées à Megève en Haute-Savoie, à la Plagne en Savoie ou encore les 2 Alpes en Isère.
Les remontées mécaniques resteront fermées à Noël et au nouvel an, c’est ce qu’a confirmé le gouvernement, lundi, à l’issue d’une réunion avec les professionnels du secteur. Alors pour compenser les pertes des aides vont être mises en place, avec notamment une indemnisation des remontées mécaniques qui doivent rester fermées et un dispositif de chômage partiel avec "un reste à charge zéro" pour les saisonniers tant que les domaines skiables seront fermés.
Dans l’une des cinq boutiques qu’il a rachetées fin 2019 avec son épouse, Yannick Montagne, la trentaine, range son matériel de ski avec amertume. “On a reçu 200 nouvelles paires de ski et 200 nouvelles paires de chaussures pour Noël pour l’ensemble de nos cinq magasins”, indique-t-il.
Un équipement flambant neuf qui ne devrait pas servir à Noël. Pas si les remontées mécaniques restent fermées. Avec un investissement de plus de 300.000 euros pour la saison, le jeune gérant est inquiet et ne compte pas sur les aides de l’Etat pour sauver son entreprise.
“Nous, on veut seulement travailler, on ne vit pas avec des aides, on survit avec des aides. Le fond de solidarité, on l’a touché pendant trois mois, mais c’est trois fois 1500 euros notre chiffre d’affaires, c’est 2 millions d’euros pour les cinq magasins, explique-t-il.
Comme Yannick, nombreux sont les professionnels de la montagne à s’être réunis lundi à la station des 2 Alpes. “Ce n’est pas possible d’avoir une station qui soit ouverte sans ses remontées mécaniques, sachant que 80% de l’activité aujourd’hui dépend du ski”, appuie le Maire.
Un sentiment d'injustice
Dans l’assemblée, parmi les banderoles, Arnaud Guérand, responsable opérationnel neige de la station. Pour lui, c’est toute une économie qui est mise en péril. “Un emploi remontée mécanique ça induit sept emplois, donc du serveur au barman, au skiman, etc. Donc si le domaine est fermé, c’est tous ces emplois-là qui ne travailleront pas, donc c’est une situation catastrophique”, assure-t-il.
Une situation d’autant plus catastrophique qu’à l’étranger, les domaines skiables, eux, seront ouverts, incompréhensible pour Xavier Sillon, directeur de l’école française du ski. “Forcément, qu’il y a un sentiment d’injustice, on ne comprend pas pourquoi on ne peut pas skier en France et pourquoi on skiera peut-être en Autriche”, dénonce-t-il.
Déçus, en colère, mais pas abattus. Pour éviter justement une saison blanche en altitude, Christophe Aubert, maire des 2 Alpes, assure que le protocole sanitaire est prêt et veut poursuivre le dialogue avec l’Etat.
“On est capable de rester à des niveaux d’impact sanitaire bas, à condition de travailler ensemble sur des périodes d’ouverture, sur éventuellement des quotas, des conditions d’exploitation qui rassureraient nos dirigeants pour nous permettre de maintenir notre activité”, explique-t-il.
Noël, c’est autour de 20% de l’activité des stations de montagne. Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’état au tourisme l’assure, il fera en sorte que les 80% restants soient les plus réussis possible.
Votre opinion