Comment vivre plus vieux en bonne santé? "Aujourd'hui on est en pleine cacophonie nutritionnelle"

Nous vivons de plus en plus vieux, mais en moins bonne santé. En cause notamment, notre mode de vie mais aussi notre façon de manger, entre régimes inadaptés et carences. Sophie Cousin, journaliste santé, publie ce jeudi, avec la physiothérapeute Véronique Coxam, Vivons plus vieux en bonne santé, un livre qui va à l'encontre des idées reçues qui circulent sur notre santé.
Sophie Cousin est journaliste santé, co-auteure avec la physiothérapeute Véronique Coxam de Vivons plus vieux en bonne santé (éd. Quae).
"Typiquement, on connaît les effets désastreux sur la santé du cocktail sédentarité - malbouffe. Consommer des sucres rapides et des graisses en quantité importante - le régime junkfood -, augmente la mortalité. 2,7 millions de décès dans le monde sont attribués à la malbouffe et 1,9 million sont attribués au manque d'exercices physiques (chiffres OMS)
Mais aujourd'hui on est en pleine cacophonie nutritionnelle, et les consommateurs sont perdus. On l'a vu en 2015 après cette étude du Centre de recherche sur le cancer (CIRC - IARC) sur les effets délétères de la viande rouge et de la charcuterie. Mais en réalité, quand on parle d'un aliment, il faut toujours le remettre dans le contexte d'une alimentation globale et penser aux quantités. On peut continuer bien sûr à en manger un petit peu, tout est question de la place que l'on donne à cet aliment au milieu des autres.
"La junkfood a des effets désastreux"
Dans notre livre, nous allons ainsi à l'encontre de plusieurs idées reçues sur la nutrition et l'activité physique.
Parmi les idées reçues, il y a notamment celle qu'en vieillissant on mange moins et on a moins besoin de manger. C'est faux! A partir de 60 ans on a, au contraire, des besoins nutritionnels qui sont légèrement augmentés et on doit repenser sa façon de se nourrir: on doit augmenter ses apports en protéines et en calcium. C'est un discours à contre-courant de ce qu'on entend dans le cadre de ces régimes sans lait et sans viande préconisés à droite - à gauche. Au contraire, nous sommes, nous, sur une réhabilitation des protéines et du calcium notamment en prévention des troubles musculo-squelettiques.
On est aussi sur une réhabilitation des graisses laitières, pour prévenir l'hypertension artérielle et le diabète. Quand on décide de faire une éviction d'une catégorie d'aliment, il faut réfléchir aux conséquences que cela peut avoir sur le long terme pour sa santé. On se rend compte que le calcium végétale ou apporté par les eaux minérales, n'est pas du tout aussi disponible pour l'organisme que le calcium du lait.
"La préconisation des 10.000 pas par jour est très ambitieuse"
Une autre idée reçue concerne l'activité physique. On se rend compte que les objectifs fixés par nos autorités sanitaires et notamment l'OMS - faire 10.000 pas par jour -, est très ambitieuse, sachant que la majorité d'entre nous faisons entre 4.000 et 6.000 pas par jour dans une journée classique. Donc les médecins du sport que nous avons interrogés préconisent plutôt des objectifs de 3 X 30 minutes d'activité modérée par semaine. C'est plus accessible pour une majorité d'entre nous et cela permettra de remettre le pied à l'étrier et de se remotiver. Parce qu'il ne faut pas mettre la barre trop haut dès le départ dans le sport: on voit des personnes qui prennent des abonnements dans des salles de sport et arrêtent au bout d'un mois ou deux.
"Les relations sociales, le meilleur antidépresseur qui soit"
L'autre élément important concerne la mémoire. Les relations sociales sont importantes, notamment au moment de l'arrêt de l'activité professionnelle: le téléphone ne sonne plus, on n'a plus de repas avec les collègues… Beaucoup d'études montrent qu'il y a une augmentation des troubles dépressifs et anxieux liés à l'arrêt du travail. Les experts préconisent vraiment de redéployer ces activités dans d'autres sphères notamment associative, pour maintenir ce lien social, qui est vraiment très bénéfique pour notre cerveau. C'est le meilleur antidépresseur qui soit".
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