Condamné pour avoir trop travaillé: "Je regrette d'être devenu chef d'entreprise"

Quatre boulangers des Landes ont été condamnés lundi par le tribunal de police de Dax pour ne pas avoir respecté un arrêté préfectoral qui leur interdisait d'ouvrir 7 jours sur 7. Un des condamnés exprime son dépit ce mardi sur RMC.
Ils vont avoir du mal à digérer. Quatre boulangers des Landes ont été condamnés lundi par le tribunal de police de Dax à 500€ d'amende avec sursis. Un cinquième a été relaxé. Leur tort ? Vendre du pain toute la semaine, sept jours sur sept, alors qu'un arrêté préfectoral de 1999 l'interdit.
L'affaire avait éclaté en février dernier avec le cas de Stéphane Cazenave, boulanger de Saint-Paul-lès-Dax (Landes). Après avoir ouvert sa boulangerie tous les jours de la semaine pendant plus de trois ans, il avait été mis en demeure par l'Inspection du Travail puis contraint de fermer un jour par semaine. Selon la Fédération départementale des boulangers et pâtissiers des Landes, l'arrêté permet de protéger les petits artisans boulangers, menacés par la prolifération des points chauds qui vendent du pain industriel. Mais cet arrêté s'est retourné contre Stéphane Cazenave.
"Travailler 250h par mois, tout ça pour se faire condamner"
C'est avec stupeur que ce boulanger a appris sa condamnation par la justice, lundi. "Je repars avec un casier judiciaire qui n'est plus vierge, et tout ça parce que j'ai fait du pain", se désole-t-il sur RMC. Il se dit aujourd'hui "dégoûté d'être chef d'entreprise". "Vous vous rendez compte, travailler 250h par mois, faire le pari de donner du travail à des salariés, tout ça pour se faire condamner…". Il sait qu'il va devoir licencier une partie de son personnel. "Dans ma boulangerie, je n'ai aucun turnover de salariés, ce sont des gens qui sont aux 35h et avec qui on travaille avec plaisir, et demain je vais devoir licencier. Je n'ai pas le choix". Il ne comprend pas : "La France fait tout pour donner du travail à ceux qui en cherchent et moi, parce que je fais du pain, je vais devoir licencier".
"Il n'y a plus de motivation"
Plus dépité qu'agacé, le boulanger en vient même à regretter d'avoir monté son affaire. "Je n'aurais jamais dû me lancer dans l'entreprenariat il y a 6 ans. Je regrette vraiment d'avoir autant travaillé pour me retrouver aujourd'hui flanqué de cette affaire sur mon casier judiciaire. Allez faire des emprunts maintenant, allez présenter votre dossier à un banquier pour continuer à investir, avec un casier judiciaire flanqué de cette affaire. Pff, il n'y a plus de motivation". Stéphane Cazenave avait pourtant fait acte d'apaisement en décidant, avant même l'audience, de fermer sa boulangerie un jour par semaine.