Constitution: l'Assemblée supprime à l'unanimité le mot "race" et interdit la "distinction de sexe"

Lors du projet de révision de la Constitution, ce premier amendement fortement symbolique, a été adopté par les députés.
Comme premier changement au projet de révision de la Constitution, les députés ont symboliquement supprimé jeudi, à l'unanimité, le mot "race" de l'article 1er, une mise à jour depuis longtemps réclamée outremer mais sans faire consensus jusqu'à présent.
Les 119 députés présents ont également, dans le même vote, assuré l'égalité devant la loi "sans distinction de sexe".
Dans l'article 1 réécrit, qui définit les valeurs fondamentales de la République, la France "assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de sexe, d'origine ou de religion", au lieu de "sans distinction d'origine, de race ou de religion". Une formulation qui deviendra définitive si la révision constitutionnelle aboutit.
L'amendement adopté, au terme de nombreuses prises de parole sur tous les bancs pour s'en réjouir, a été celui du président du groupe UDI-Agir Jean-Christophe Lagarde, mais presque tous les groupes politiques avaient présenté des amendements en ce sens. M. Lagarde a cependant noté "qu'aucun représentant de l'extrême droite n'était présent pour ce vote qui honore notre Nation". Les députés FN, qui siègent parmi les non-inscris "étaient absents par volonté", a-t-il affirmé.
Lorsque le mot race a été introduit dans le préambule de la Constitution de 1946 puis repris en 1958, les constituants voulaient, après le nazisme, affirmer leur rejet des thèses racistes, héritage de l'histoire coloniale et des théories du XIXe siècle. Mais, paradoxalement, en interdisant la "distinction selon la race", la Constitution pouvait en creux légitimer l'opinion selon laquelle il existe des races alors que la science ne reconnaît qu'une seule espèce humaine.
Les députés ultramarins se sont montrés particulièrement émus de ce vote au regard du passé colonial français.