Contrainte pénale: les conseillers d'insertion tirent la sonnette d'alarme

La réforme pénale controversée de Christiane Taubira entre en grande partie en vigueur mercredi, mais des voix dans le monde judiciaire s'inquiètent de l'absence de moyens et d'une certaine précipitation.
La réforme pénale entre en vigueur ce mercredi. Son but est de prévenir la récidive grâce à un dispositif : la contrainte pénale. Elle permet au condamné de purger sa peine à l'extérieur de la prison. Il s'agit notamment de deux mesures destinées à éviter les "sorties sèches" de prison, sans aucune mesure d'accompagnement, qui représentent aujourd'hui 80% des sorties: l'examen automatique de la situation du condamné aux deux tiers de la peine et la libération sous contrainte, réservée aux peines inférieures ou égales à cinq ans d'emprisonnement.
Mais cette nouvelle loi fait débat. Trop précipitée, pas assez de moyens mis à disposition, trop peu de recrutement… les critiques se multiplient. Elles viennent majoritairement de l'Union syndicale des magistrats (USM) et des officiers de police judiciaire. Les conseillers d'insertion et de probation sont eux aussi inquiets car ce sont eux qui sont chargés du suivi des condamnés.
"Notre agenda est plein"
Ils sont donc au cœur de ce nouveau dispositif, et craignent comme le confie à RMC Dalila, membre du syndicat Ufap-Unsa, de ne pas pouvoir absorber la charge de travail supplémentaire : "On va le convoquer une première fois pour faire le point sur sa situation, rencontrer ses proches, l'aider à trouver un hébergement, l'accompagner voir un psychologue pour voir pourquoi il y a eu ce passage à l'acte…" Et de poursuivre : "Il faut les voir deux fois par mois, faire un point, contacter la mission locale, les partenaires… Tout cela demande du temps".
Du temps alors même que ces conseillers avouent ne plus en avoir. C'est le cas de Corinne, conseillère à Créteil et syndiquée, qui explique à RMC déjà s'occuper au quotidien d'un peu plus de 100 dossiers. "Notre agenda est plein. On a du mal à faire les rapports entre les différents entretiens qu'on peut avoir. Cela ne veut pas dire que l'on fasse du travail de mauvaise qualité mais…" Le ministère de la justice a bien annoncé le recrutement de 1 000 nouveaux agents mais ils ne seront pas pleinement opérationnels avant 2016.
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