Côté Santé: la folie des sex toys
Côté Santé
Le Sex toy dans tous ses états
Cela n’a certes pas du vous échapper, depuis ces derniers mois, en France, la tendance est aux Sex toys ! Vibromasseurs, godemichés, anneau vibreurs, boules de Geisha… s’affichent désormais au grand jour - presque partout - sans complexe ni pudeur !
Corinne Guillaumin
Après être restés des décennies sur les étals de sex-shops peu reluisants, les accessoires érotiques, longtemps réservés aux professionnels du sexe et aux plus libertins, se sont soudain métamorphosés en petit canard, lapin, dauphin, tube de rouge à lèvres, papillon… aux couleurs tendres et acidulées comme des bonbons, aux textures douces et veloutés, pour séduire une clientèle principalement féminine et s’imposer en quelques mois, comme un véritable phénomène de mode ! Mais quels secrets recèlent ces petits objets coquins qui pourraient expliquer ce succès sans précédent ? Qu’apportent-ils à la sexualité ? Comment les utiliser à bon escient ? Et sont-ils réellement, comme on tente parfois de nous le signifier, indispensables à une vie sexuelle épanouie et satisfaisante ?
De l’olisbos … au sex toy
Depuis leur lointaine origine, soit bien avant l’apparition de l’écriture, la principale vocation des accessoires érotiques est avant tout de se procurer du plaisir. Néanmoins, jusqu’à présent, dans nos sociétés occidentales, leur utilisation restait pour le moins tabou et permettaient d’assouvir des besoins, le plus souvent solitaires. L’apparition des produits de dernière génération, relookés et rebaptisés encore pudiquement sous le nom anglais de sex-toys, semble tout de même mettre en exergue un net changement des mentalités ! Première surprise, le jouet sexuel ne se cache plus ! Au contraire, il s’affiche désormais comme n’importe quel objet de consommation, sur Internet, dans les rayons des grands magasins, dans les nouvelles boutiques coquines et raffinées (bien loin des sordides sex shops !) ou encore dans les réunions à domicile, calquées sur le modèle des célèbres réunions Tupperware… Bref, il se démocratise. Autre évolution, pour le moins significative : ces fameux objets sont destinés aujourd’hui essentiellement aux femmes et donc, dans la grande majorité des cas, achetés par les femmes elles-mêmes ! Le jouet sexuel serait-il en train de devenir le nouveau symbole d’une libération sexuelle désormais affranchie et affichée ?
Revendiquer son plaisir
Epineuse question ! Quoiqu’il en soit, il n’en demeure pas moins qu’un nombre croissant de femmes, soucieuses de leur bien être, sont devenues légitimement - dans bien des domaines mais surtout celui de la sexualité - plus exigeantes. A l’écoute de leurs corps, de leurs véritables désirs et de leurs fantasmes, elles souhaitent plus que jamais rester actrice et surtout maîtresse de leur sexualité. Au même titre que les hommes, elles revendiquent le droit au plaisir. Et comme il n’est plus question, comme c’était le cas par le passé, de délaisser cette prérogative, uniquement à la gente masculine, on comprend alors aisément pourquoi, certaines n’hésitent plus à recourir à ces nouveaux jouets ludiques, qui s’avèrent, finalement un moyen parmi bien d’autres, d’y parvenir. A commencer bien entendu par les femmes seules, qui représentent, selon une étude de l’Insee, 53% des 15 millions de célibataires français. Les plus « audacieuses » d’entre elles, n’entendent pas renoncer à leur sexualité et aux plaisirs du corps, sous prétexte qu’elles sont « privées » de partenaire et donc de rapports intimes. Elles ont donc désormais à leur disposition pour satisfaire leur libido, une gamme étendue d’instruments érotiques, qui amènent, selon les modèles, à une jouissance clitoridienne et/ou vaginale ou anale. Rivalisant d’imagination, les fabricants n’ont de cesse de leur proposer des produits toujours plus innovants. Le dernier en date, OhMiBod, un vibro-masseur vaginal qui se branche sur un MP3 pour onduler de plaisir aux rythmes de ses musiques préférées.
Le sexe, ce n’est pas sérieux, c’est avant tout ludique
Pour autant et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les célibataires ne sont pas les principales utilisatrices de ces accessoires. Bien au contraire ! Le sex toy d’aujourd’hui aurait plutôt pour vocation de s’inviter au sein du couple pour pimenter les ébats, devenus avec le temps quelque peu monotones et débrider l’imagination. Ils permettent donc d’enrichir, de varier ou d’augmenter les plaisirs pendant l'activité sexuelle, de relancer une libido en berne ou parfois même de seconder les défaillances de son partenaire ! Et puis, ils mettent en lumière un phénomène assez nouveau : appréhender la sexualité de manière totalement ludique et naturelle pour finalement dédramatiser et donc déculpabiliser ! Car comme le précise le sexologue et psychothérapeute, Alain Héril, pour la société Soft Paris, « « Ce que je remarque depuis que je consulte, c’est la difficulté que peuvent avoir nos contemporains à placer la sexualité du côté de l’amusement et du fait de se débarrasser d’un jugement moralisateur qu’ils peuvent porter sur leurs fantasmes ou leurs activités sexuelles. Les objets dits coquins participent à l’acceptation d’un univers sexuel centré sur le plaisir, le partage des univers fantasmatiques et la connivence… Tout ce qui va leur permettre un rapport à eux-mêmes détendu et ouvert ne peut que leur « faire du bien » et c’est la vertu principale des sex-toys ». Relance : appréhender la sexualité de manière totalement ludique et naturelle
Un joujou «extra » pour apprendre à se connaître
Mais au-delà de l’aspect purement ludique, le sex toy peut également, de manière plus pragmatique, aider à l’apprentissage, à la découverte de son propre corps. « Même si je considère que les sex toys sont une drôle de façon d’aborder l’érotisme » explique Catherine Emié Delache, sexologue clinicienne « je peux être amenée à les conseiller à des patientes, qui éprouvent des réserves par rapport à leur propre corps, des difficultés à se toucher, à se masturber. Pour certaines, l’utilisation de ces objets apparaît bien plus rassurants. Cela leur permet de prendre le temps de se découvrir et d’apprendre à avoir du plaisir. C’est aussi un excellent moyen pour stimuler et libérer leur imaginaire. » Par le biais de ces accessoires, la femme peut donc non seulement se familiariser avec son corps mais en explorant ses différentes zones érogènes, parvenir à trouver les chemins qui la mèneront aux plaisirs et surtout à l’orgasme. D’autre part, certains objets, comme par exemple, les boules de Geisha, sont parfois prescrites par les gynécologues (suite à un accouchement ou des problèmes d’incontinence) pour favoriser le renforcement des muscles du périnée. Et il faut savoir, que plus une femme a des muscles pelviens développés, plus elle décuple ses sensations vaginales, donc l’opportunité d’atteindre l’orgasme. Et plus elle est capable de maîtriser son bas ventre, plus elle améliore le plaisir de son partenaire. Par ailleurs, les boules de Geisha favorisent la lubrification interne, ce qui permet chez certaines femmes d’accentuer leurs sensations de plaisir.
Des objets, rien que des objets
Enfin, aujourd’hui, ces petits jouets ont aussi un effet pour le moins inattendu : un rôle social. Lors d’un achat et surtout des réunions spécialisées, les femmes abordent les sujets de sexualité – au demeurant encore très tabou – avec simplicité, naturel et sans inhibitions. Elles s’échangent, entre rires, petits fours et apéritifs, leurs conseils, leurs interrogations, leurs expériences… comme le faisaient jadis leurs mamans devant des boîtes en plastique ! Affichant par là même une sexualité en pleine forme ! Pour autant, est-ce à dire que ces objets désormais élégants et ludiques s’avèrent essentiels à l’épanouissement personnel ou conjugal et sont-ils garants d’une sexualité satisfaisante ? « Non » répond sans détours Catherine Emié Delache, sexologue clinicienne. « Ce qu’il faut comprendre, c’est que la sexualité de l’ordre de l’intime. Dans un couple, c’est la forme de communication la plus intime et la plus profonde qui soit. Et pour ma part, je ne trouve pas que ce soit une manière ni très raisonnable ni très réaliste d’aborder la sexualité Il ne doit pas y avoir de confusion ni de substitution entre l’objet de jouissance, c'est-à-dire le partenaire et l’objet tout court. Car les sex toys ne sont et ne restent que des objets ! Ils ne doivent donc être envisagés que comme « un plus ». Sans compter que parfois, l’objet peut tuer le désir. » Comment pourraient-ils effectivement remplacer la douceur d’une peau, la tendresse des baisers, la sensualité d’une étreinte… ? Et ne serait-ce que parce qu’une sexualité, se construit avec le temps, sur une bonne connaissance de son corps et celui de son partenaire et sur la découverte des envies et des limites de chacun, l’objet sexuel ne peut et ne pourra, fort heureusement, jamais égaler les bienfaits d’une relation intime à deux. « Par ailleurs, poursuit la sexologue, tous ces gadgets véhiculent l’idée de performance et d’une jouissance à la sauvette. Certes, ils sont techniquement très bien faits et permettent d’accéder, à tous les coups, aux plaisirs et à de multiples sensations. Mais non seulement, ils peuvent entraîner un phénomène d’addiction et surtout comment une femme, habituée à une jouissance sur commande peut ensuite appréhender une relation traditionnelle sans risques de frustrations et de déceptions ? »
Les sex toys en quelques chiffres
Selon une étude du fabricant de préservatifs Durex, en 2005, seuls 14% des français possèderaient un sex-toy, soit autant que les malaisiens mais loin derrière les norvégiens (39%), les suédois (40%), les anglais et les américains (43%) et surtout les champions en titre, les taiwanais (47%). Toutefois, à en croire les professionnels du secteur français, ce chiffre devrait être bientôt revu à la hausse, puisqu’ils assurent une progression de leurs ventes de 20 à 30% par an !
Le plaisir à portée de… distributeurs automatiques
Surfant sur la vague déferlante des Sex toys, la société toulousaine AGM-Tec présente pour la première fois en France, des distributeurs automatiques de Sex toys, qui sont installés essentiellement aujourd’hui dans les discothèques, les bars branchés et les clubs libertins de la ville rose. Mais cette société compte à terme répandre son nouveau concept partout dans notre bel hexagone. Pour la somme modique de 4 €, ces machines proposent pour l’instant des cockrings jetables dans une petite capsule sphérique en plastique. Ces anneaux vibrants fluo sont à usage unique, en silicone, sans latex et 100 % hypoallergéniques. Mais d’ici quelque temps, les utilisateurs auront également à disposition des mini-vibros en forme de petits lapins ou d’écureuils. En revanche, comme le précise José Pecci, directeur commercial d’AGM-Tec et spécialisé auparavant dans la distribution de chewing-gums, «ces machines ne distribueront ni godemichés ni accessoires trop hard ».
Quelques sites à découvrir
www.softparis.com www.yobaparis.com www.chambre69.com www.pimentrose.biz www.lilouplaisir.com www.secondsexe.com
Et retrouvez cet article dans le magazine Côté Sant du mois de février dans tous les bons kiosques !
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