Couacs, négociations, impact du Covid... Où en est-on de la controversée réforme des retraites?

EXPLIQUEZ-NOUS - La réforme des retraites est un nouveau sujet de discorde au sein du gouvernement
Après le Couac “Darmanin” sur la police, on voit venir le couac Lemaire sur les retraites. Le ministre de l’Economie a estimé que la réforme des retraites est une "priorité absolue". Comme si c’était nécessaire de rallumer une possible crise sociale en pleine crise sanitaire et en pleine crise politique autour de la question de la police.
Depuis, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, chargée de la question de retraite, a contredit Bruno Le Maire en disant que la priorité c’est la sortie de la crise sanitaire et économique. Et Bruno Castex a renchéri : la priorité n’est pas la réforme des retraites, c’est la lutte contre le coronavirus.
D’ou le rétropédalage de Bruno Le Maire hier soir qui a finalement expliqué que la réforme des retraite sera la priorité le jour venu.
Cette réforme des retraites, pour l'instant, a été suspendue
Elle est confinée. Depuis le 16 mars dernier, jour de l’annonce du premier confinement, elle est officiellement sous cloche. Toutes les négociations qui étaient en cours ont été suspendues et n’ont pas repris.
Lorsque Jean Castex a été nommé en juillet dernier, il a aussitôt précisé que cette réforme restait au programme. Il a dit qu’il n'était pas question de la mettre sous le tapis comme de la poussière. Emmanuel Macron cet été a dit la même chose. "Il n’y aura pas d’abandon, mais je suis ouvert à ce que cette réforme soit transformée". Quelles transformations ? On ne sait pas.
Autrement dit, pas question d‘abandonner cette réforme essentielle, d’accord encore pour rediscuter, mais il est urgent d’attendre, urgent de ne rien décider tout de suite, de ne pas rajouter du stress au Français.
C’est pour cela que la phrase de Bruno Le Maire sur la priorité absolue n’était pas du tout dans la ligne du gouvernement.
On en était où lorsque le Coronavirus a interrompu le processus ?
La France d’avant la pandémie se déchirait pour cette réforme. On avait eu un grand débat avec le président de la République en chemise qui passait des heures dans les gymnase a essayer de convaincre. On avait eu les grèves de décembre et janvier dans les transports. On avait eu le haut commissaire Jean-Paul Delevoye qui avait dû jeter l'éponge pour avoir oublié de déclarer ses activités professionnelles.
On débattait de l'âge-pivot, du taux plein, des régimes spéciaux. On avait découvert la clause du grand-père. Et finalement de négociations en concessions, on en était arrivé à une réforme sur les régimes spéciaux qui ne s’appliquerait qu’a ceux qui ont moins de 45 ans aujourd’hui. Donc dans une vingtaine d’années.
La France d’avant se déchirait donc sur l'âge de départ à la retraite des cheminots en 2040. Même si une partie de la réforme, celle sur le taux plein à 64 ans, pouvait s’appliquer plus vite et concerner plus de monde.
Le texte avait finalement été adopté en force au parlement
Le 29 février dernier, le gouvernement avait utilisé le 49.3. Le texte a été adopté par l'assemblée en première lecture mais pas par le Sénat. Et il y a peu de chance pour qu’il revienne tel quel devant le parlement. Il va donc falloir remettre l’ouvrage sur le métier. On en a pas fini avec ses interminables débats.
Lorsque le débat reprendra, les données ne seront plus les mêmes. Tout a changé depuis le coronavirus. L'économie est en panne. On prévoyait avant la crise un déficit du régime des retraites qui aurait pu atteindre 13 milliards en 2025 au pire. Finalement en juin on est arrivé à 30 milliards et à 37 milliards aujourd’hui. Et la crise n’est pas finie. En réalité, personne ne peut sérieusement calculer ce qu’il faudrait faire pour équilibrer les retraites.
Mais il y a une donnée qui reste. En 2050, les plus de 65 ans seront 52%. Les seniors seront majoritaires en France et il faudra bien leur payer une retraite. Et ça coûtera un pognon de dingue.
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