Coup de filet anti-jihadiste à Lunel: "Ces jeunes sont abandonnés, livrés à eux-mêmes"

Ce mardi, cinq hommes, dont certains revenaient de Syrie et d’autres seraient candidats au départ, ont été interpellés et placés en garde à vue à Lunel (Hérault). RMC s'est rendue dans cette commune de 26 000 habitants. Les habitants sont encore sous le choc.
Lunel, "ville-jihadiste"? La question se pose tant le nombre d'interpellations interpelle. Ce mardi, cinq jihadistes, âgés de 26 à 44 ans, ont été interpellés et placés en garde à vue à Lunel dans l’Hérault et dans deux villages de la région. Parmi ces personnes deux sont soupçonnées d'être parties en Syrie alors que les trois autres seraient des candidats au jihad. Au total, cette commune de 26 000 habitants, située entre Nîmes et Montpellier, aurait déjà vu une quinzaine de personnes partir pour rejoindre Daesh, dont cinq au moins auraient trouvé la mort lors de combats.
"Ils étaient normaux…"
RMC s'est rendue sur place après ce coup de filet anti-jihadiste. Force est de constater que les habitants sont encore sous le choc. C'est le cas de Tony, 17 ans, qui compte de nombreux copains dans le centre-ville dont certains sont partis faire le jihad. Des départs qu’il n’a toujours pas compris : "Ils étaient normaux… Et c'est ça le problème… On n'a pas vu le changement. Ils n'avaient pas écrit sur le front 'Je vais partir faire le jihad'(sic). Pour l'un d'entre eux, j'ai vraiment du mal à imaginer qu'il soit parti parce que la violence ce n'était vraiment pas son monde. Il était pacifiste, rien à voir avec tout ça".
C'est pour cela qu'il estime qu'"il y en a qui ont envie d'y aller d'eux-mêmes et d'autres qui ont été manipulés". Des jeunes habitants facilement manipulables, c’est aussi le constat que fait Pascal Gomez éducateur dans le centre-ville. C'est pourquoi, il demande à que l’on réoccupe socialement le terrain. "Ces jeunes sont abandonnés, livrés à eux-mêmes. Il serait peut-être temps de les récupérer. Quand on leur demande quel est leur pays, ils répondent la France mais la France n'en veut pas", assure-t-il.
"Au niveau politique c'est l'aveu d'un échec"
Dans Bourdin Direct, cet éducateur ajoute: "Ils attendent juste qu'on leur tende la main. Dès que c'est le cas, hop ils sont là, comme des poissons à qui on donnerait à manger (sic)". Un constat d’échec partagé par Philippe Moissonnier, élu d’opposition PS au conseil municipal. "Il s'est passé quelque chose et nous n'avons pas été fichu de le voir". Cependant, il se montre déterminé à enrayer ces départs: "Même si au niveau politique c'est l'aveu d'un échec, à un moment donné il faut avancer parce que derrière c'est la mort qui est au bout du chemin".
Parmi les pistes avancées par les élus, celle du contrat de ville en cours d’élaboration, qui prévoit notamment d’organiser des conseils citoyens pour retisser des liens au sein de la population. Mais aussi, "l'obligation pour toutes les institutions de travailler ensemble, sous la houlette du préfet. Car il faut arrêter de se faire la guéguerre". Ce contrat de ville devrait être appliqué d'ici juillet prochain.
Sur le même sujet, retrouvez ci-dessous l'interview de Patrick Vignal, député (PS) de l'Hérault