Deliveroo, Uber Eats... Faut-il mieux encadrer les plateformes de livraison?

LOUIS VA PLUS LOIN - Un livreur qui disait qu'il "refusait de livrer des Juifs" a été condamné et expulsé, étant en situation irrégulière depuis plus d’un an. Ce n’est pas la première fois que des plateformes de livraison sont épinglées car elles emploient des sans-papiers
Un livreur Deliveroo refusant de livrer les commandes d’un restaurant casher a été condamné jeudi à 4 mois de prison ferme, et il sera expulsé.
Mais l'emploi de sans-papiers est une pratique extrêmement répandue, on évoque ici Deliveroo mais cela concerne également Uber Eats, Frichti ou Glovo, pour ne citer qu’eux. Le système est à la fois cruel et bien rôdé: pour s’inscrire comme livreur sur une plateforme, il faut être auto-entrepreneur, or impossible d’obtenir ce statut sans avoir de papiers.
La seule solution, c’est donc le recours à des prête noms, et on voit ce genre d’annonces fleurir sur les réseaux sociaux. Des personnes en situation régulière créent un compte et le louent à des sans-papiers, qui doivent en échange leur reverser une partie de leur salaire, 30%, parfois 50%.
Les livreurs peuvent attendre des semaines pour récupérer les miettes de leur travail, ils ne bénéficient d’aucune protection sociale, ne peuvent se plaindre à personne. Entre cela et de l’exploitation, difficile de voir la différence.
Ils n’ont vraiment aucun recours ?
Si, les tribunaux, mais encore faut-il avoir le courage de les saisir quand on n’a pas de papiers. C’est ce qu’ont fait cette semaine 66 livreurs. Ils veulent faire reconnaître, devant les Prud’hommes, qu’un contrat de travail les liait à l’application Frichti.
Chaque demandeur demande plusieurs milliers d’euros à l’entreprise, et espère même une régularisation dans la foulée. La décision rendue sera analysée de près, parce qu’elle pourrait faire jurisprudence.
Que répondent les plateformes?
Elles se défendent, affirment lutter autant qu’elles peuvent contre le travail illégal. Deliveroo dit appliquer la tolérance zéro dès qu’un loueur de compte est identifié, Uber Eats a mis en place un logiciel de reconnaissance faciale qui oblige les livreurs à se prendre en photo avant d’accepter une course, photo ensuite comparée automatiquement à celle postée au moment de l’inscription.
Et puis une charte de bonne conduite pour améliorer les conditions de travail et de rémunération a été signée il y a plus d’un an par un quinzaine de plateformes.
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