Depuis les attentats, les touristes fuient Paris: "On a perdu la moitié de nos clients"

REPORTAGE - En Conseil des ministres, ce mercredi, des mesures de soutien au tourisme et au commerce vont être présentées. Il faut dire que près de deux semaines après les attentats à Paris, les touristes ont fui la capitale…
Musées, monuments, hôtels, grands magasins, restaurants… Depuis les attentats du 13 novembre, Paris n'attire plus les touristes. S'il est encore difficile de chiffrer l'ampleur du phénomène, selon la société ForwardKeys, les réservations de vols vers la capitale française ont chuté de 27% la semaine suivant les attaques. Autre chiffre: selon l'UMIH (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie), principal syndicat patronal du secteur, les hôteliers ont perdu entre 20 et 45% de leur activité.
"Des désistements jusqu'à avril 2016"
Une baisse substantielle de la fréquentation qui inquiète les professionnels. Par exemple, dans ce petit hôtel à deux pas de la Tour Eiffel, la réception est vide et derrière le comptoir, si les appels se multiplient se sont essentiellement des annulations. "Pour vous donner un ordre d'idée, normalement le week-end on tourne à 80% et depuis les attentats on est à seulement 40%. On a donc perdu la moitié des clients", désespère Rorick, le réceptionniste. Du jamais vu !
Et la situation est d'autant plus inquiétante que l'hôtel enregistre déjà des annulations de voyages prévus l'an prochain. "On a des désistements jusqu'à avril 2016, confirme le réceptionniste. En un week-end, nous avons eu 40-50 annulations". Pour tenter d’enrayer le phénomène, Marine, patronne d’un autre établissement parisien, a décidé de casser les prix.
Pas que Paris
"En temps normal, un client affaire, on va lui vendre une chambre supérieure à 155 euros avec le petit déjeuner inclus. Là, on est obligés de vendre à 69 euros", détaille-t-elle. Et d'ajouter, dépitée: "Tous les hôtels ont appliqué le principe de baisser les prix donc on est obligés de faire pareil". Devant les difficultés, certains hôteliers pensent même à licencier du personnel.
"Il se peut que des contrats ne soient pas renouvelés. Il faut faire du chiffre et s'il n'y a pas de chiffre avec les loyers à payer, le personnel… C'est logique même si c'est malheureux", atteste cette gérante qui préfère rester anonyme. Pour Hervé Becam, vice-président de l'UMIH, "il y a un phénomène bien plus inquiétant: les réservations se sont complètement arrêtées. Il n'y a plus de réservations prises sur du court, moyen ou long terme". Autre problème, "cela touche essentiellement Paris mais pas seulement. Les grandes agglomérations de province sont aussi impactées. Tout le monde est concerné".