Dérives de l'état d'urgence, il dénonce: "Ils me matraquent, me menottent…"

TEMOIGNAGE - L'état d'urgence "a bouleversé des centaines de vies", dénonce jeudi Amnesty international France. C'est le cas de Michel, 41 ans. Le 17 novembre dernier, quatre jours après les attentats de Paris, les policiers débarquent chez lui en pleine nuit à Soissons (Aisne).
L'état d'urgence, décrété dans la foulée des attentats parisiens, renforce les pouvoirs de la police et permet les assignations à résidence et perquisitions administratives de jour comme de nuit, ou l'interdiction de rassemblements. En deux mois, plus de 3.000 perquisitions ont été conduites, 400 personnes interpellées et 400 assignées à résidence, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Mais quel est l’impact de ces mesures exceptionnelles sur les droits et libertés en France ? Le constat dressé ce jeudi par Amnesty International est sans appel: "l'état d'urgence a bouleversé des centaines de vies".
C'est le cas de Michel, 41 ans, technicien-informatique, habitant à Soissons (Aisne). Le 17 novembre dernier, à 23h07 précisément, alors qu'il se trouve dans son salon, il entend violemment frapper à la porte. "Je n'ai même pas eu le temps de franchir la porte de mon salon que la police a commencé à défoncer ma porte d'entrée à coups de bélier", se souvient-il. Pris de panique, il se réfugie avec sa femme et son fils de 10 ans dans la salle de bains. La police finit par entrer...
"Ce soir-là, il n'y avait plus de droit"
"Ils me matraquent, me menottent et, après avoir été immobilisé, je reçois un coup à l'arcade droite", assure-t-il. Les policiers lui disent qu'ils sont là dans le cadre de l'état d'urgence. Mais rien de plus. Michel est désorienté... "Nous avons été victimes d'une grande injustice, estime-t-il. Que sont-ils venus faire chez moi? Il n'y a rien à faire chez moi". Et d'ajouter: "Ce soir-là, il n'y avait plus de droit".
Michel est relâché le soir même. Mais plus de mois après la perquisition, son fils, Enzo, est encore traumatisé. "J'étais en stress, je tremblais. J'avais peur", dit-il devant la porte de la salle de bains défoncée. "Il revit encore la violence de ce soir-là, certifie son père. Même moi, le moindre bruit… On n'oubliera jamais. C'est impossible. On ne peut pas oublier cela". Malgré sa demande d'explications, Michel n'a pas reçu la moindre réponse. Ni du préfet, ni du procureur.
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