Détection, analyse des radios... Comment l'intelligence artificielle va nous aider à lutter contre le cancer
C'EST DEJA DEMAIN - C’est la journée mondiale de lutte contre le cancer. Et les médecins le disent et le répètent : covid ou pas, il est très important de continuer à se faire dépister. Et en la matière, la technologie avance à grands pas.
On pourrait bientôt voir arriver des tests sanguins capables de détecter des dizaines de cancers différents avant même l’apparition des premiers symptômes. C’est l’un des enjeux les plus importants : détecter la maladie le plus en amont possible. D’où l’intérêt d’une innovation très prometteuse, qu’on appelle la biopsie liquide sur laquelle travaille notamment Grail, une startup de la Silicon Valley. Ce n’est pas un hasard si Bill Gates et Jeff Bezos ont investi dans cette entreprise.
Une simple prise de sang, qui devrait arriver sur le marché d’ici la fin de l’année, qu’on pourrait tous faire régulièrement, et qui permettrait de détecter très en amont 50 types de cancers différents avant qu’il ne soit visible sur des appareils traditionnels de radiologie. Avant même que le patient n’en perçoive les premiers symptômes. Autrement dit quand il est le moins dangereux et le plus simple à traiter.
L’un des pionniers en la matière est une startup qui s’appelle Grail -le graal en anglais. Le principe, c’est qu’on va prendre un échantillon de sang, et on va le faire analyser par des machines de séquençage du génome, qui sont capables d’aller détecter des fragments d’ADN, des éléments minuscules qui proviennent des cellules cancéreuses et qui sont dispersées dans le sang.
Si on trouve ces éléments, ça indique qu’une tumeur est potentiellement en train de se former, même si elle est trop petite pour apparaître sur une radio. Ce genre d’outil, s’il aboutit permettrait de faire des dépistages de masse. L’enjeu c’est de créer une nouvelle forme de médecine, plus préventive que curative.
L’autre grand espoir dans la lutte contre le cancer, c’est l’intelligence artificielle
Notamment pour le diagnostic. Il existe aujourd’hui des algorithmes qui sont capables de détecter un problème sur une radio ou un scanner ou un IRM avec une efficacité beaucoup plus grande que l’œil d’un médecin humain. Ces IA fonctionnent un peu comme un cerveau humain : on lui a fait ingurgiter des milliers d’images pour lui apprendre que telle petite tâche correspond à des cellules malades. Et son œil est presque infaillible.
Google a mis au point un outil qui permet de détecter des cancers du sein à partir d’une mammographie. Et qui obtient de meilleurs résultats -moins de faux positifs et de faux négatifs- que les médecins humains, sans même avoir accès au dossier médical du patient.
D’autres chercheurs ont mis au point un programme informatique capable de détecter les grains de beauté qui dégénèrent en cancer de la peau avec de meilleurs résultats que les dermatologues professionnels. Taille, forme, couleur, régularité, le logiciel analyse tout ce qui fait qu’un grain de beauté est normal ou qu’il peut représenter un risque.
On lui a fait « affronter » 58 dermatologues humains. Résultat : les humains ont posé le bon diagnostic dans 87% des cas. La machine, 95%. Cette différence de quelques points, ce sont potentiellement des vies sauvées.
Ca ne veut pas dire qu’on n’aura plus besoin de médecins
Leur rôle va changer : l’œil d’un médecin, même entraîné, peut détecter 17 nuances de gris. Contre 200 pour une machine. La compétition est inégale. D’autant qu’elle est capable d’analyser des centaines d’images très rapidement. On pourrait s’en servir pour faire des campagnes de dépistage massif, et le médecin pourrait se concentrer sur les cas les plus complexes, faire de l’accompagnement. Tout ce qui est « humain » et qu’une machine ne pourra jamais remplacer. Ca c’est la première chose.
Mais les algos vont aussi aider à prédire la réponse d’un patient à un type de thérapie, comme l’immunothérapie. Ces outils permettront aussi d’analyser des milliards de données numériques d’un patient afin de lui confectionner un traitement ultra personnalisé à doser les chimiothérapies. Un couteau suisse technologique qui va du dépistage au traitement en passant par le diagnostic.
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