Mon discours au Sénat !

Le 14 janvier dernier j'étais invité au Sénat dans le cadre d'un colloque intitulé "Où va la France ?".
Une bonne occasion de l'ouvrir devant ces bons messieurs les Sénateurs...
J'attends vos commentaires !
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Bonjour à tous,
je me présente : Daniel REMY, « déclinologue ».
C’est en écoutant, par hasard, Dominique Galouzeau De Villepin présenter ses vœux aux Français que je me suis découvert cette nouvelle maladie, une maladie transmissible exclusivement à l’intérieur du corps social des français les moins instruits, ceux qui ne sont ni énarques ni polytechniciens, autrement dit : les cancres …
Voilà donc le nouveau gadget sorti tout droit des méninges des gourous de la communication qui facturent à prix d’or autant de concepts creux à une classe politique qui croit trouver là, une fois de plus, le moyen de masquer son incompétence et son impuissance …
Ainsi, tous ceux qui voient chaque jour leur situation se dégrader un peu plus seraient non seulement victimes d’hallucinations, ils seraient aussi des « déclinologues ».
Il est vrai que la France peut s’enorgueillir de posséder deux des entreprises les plus prospères, capables de rivaliser avec les plus grandes multinationales :
§ l’ANPE qui, chaque jour, recrute, victime de son succès,
§ et les « Restos du cœur », créés il y a une vingtaine d’années par un jeune entrepreneur sans diplôme, qui affichent aujourd’hui une santé exceptionnelle, servant plus de plateaux-repas que SODHEXO et COMPASS réunis …
Comment d’affreux « déclinologues » peuvent-ils à ce point bouder notre plaisir ? …
Comment l’immense majorité des français (du secteur public comme du secteur privé) qui n’en peut plus de travailler toujours plus pour voir sa situation se dégrader chaque jour d’avantage, comment ne voit-elle pas qu’il s’agit là d’un effet d’optique et de l’œuvre de sape orchestrée par ces trop fameux « déclinologues » ?
Et si, parmi vous, il se trouve quelques entrepreneurs qui, comme moi, ont depuis fort longtemps le sentiment de consacrer plus de temps et d’énergie à se battre contre l’administration que contre leurs concurrents, alors qu’ils consultent au plus vite leur médecin traitant : il s’agit là d’un de ces symptômes qui caractérise les « déclinologues » …
Le réchauffement de la planète, la grippe aviaire, les tsunamis, le chômage, hier c’eut été la faute à Voltaire : aujourd’hui, c’est la faute aux déclinologues. Comme toujours, dans ce pays, l’art de gouverner consiste à dénoncer les victimes d’un système plutôt que de s’attacher à réformer le système.
Dominique Galouzeau De Villepin aurait pourtant quelques bonnes raisons de se réjouir : en effet, ces oiseaux de mauvaise augure n’ont pas encore choisi l’exil en Suisse (comme Voltaire déjà en son temps), en Belgique (vous voyez de qui je veux parler …) ou à Monaco.
Pour l’anecdote, Voltaire est précisément le nom donné à la promotion de Monsieur De Villepin à l’ENA …
Voltaire est mort quelques années trop tôt pour voir la révolution : vivrons-nous assez longtemps pour voir celle qui s’annonce à grands pas ?
Bien que je ne manque jamais une occasion de revendiquer mon attachement au gaullisme « canal historique », très objectivement, je considère que le déclin de la France et le discrédit de l’état sont nés au lendemain, de la « grande kermesse soixante-huitarde », quand une poignée de crétins, manipulée par un rouge allemand aujourd’hui repeint en vert, a entrepris de détricoter le formidable ouvrage réalisé par nos aînés, ces résistants de la première heure qui ont combattu le nazisme et ont évité à la France de n’être rien d’autre qu’une étoile de plus sur le drapeau américain.
Ce que De Gaulle avait redonné de fierté et d’espérance au français, au prix du sang, voilà que l’Allemagne (sans doute aidée par une main étrangère …) nous le reprenait grâce à un missile inédit, l’OPNI (Objet Politique Non Identifié), plus communément baptisé Cohn-Bendit.
Et c’est ainsi que, depuis le départ du Général en 69, a été orchestrée une vaste opération de déstabilisation de notre pays qui a consisté à en miner sournoisement ses fondements, ses valeurs et sa cohésion sociale.
Plaçant leurs pions à tous les carrefours de l’éducation et de la pensée, ces « talibans en herbe » n’en finissent plus de revisiter notre histoire et de réinventer la philosophie et la politique dans de « vrais/faux » débats télévisés animés par leurs anciens coreligionnaires. Ainsi, grâce à la complicité, tantôt passive tantôt active, de ceux-là mêmes qui nous avaient conduits à la défaite en 40 puis à la collaboration, tous ont contribué à cette nouvelle faillite de la France et à l’émergence de ce que j’appelle : la « république des clones » ou la dictature « canada-dry » …
N’est-ce pas le même Cohn-Bendit qui, lors des dernières élections européennes, soit 35 ans plus tard, ne craignait pas de déclarer dans une interview donnée à un grand hebdomadaire :
« La France toute seule, c’est du vent ! … ».
Cette déclaration faisait écho à celle de Dick Cheney, Vice Président des Etats-Unis et ancien secrétaire d’Etat à la Défense de George BUSH (le père) qui, en 1992, disait sans détour : « La mission des Etats-Unis devra consister dorénavant à convaincre ses concurrents potentiels qu’ils n’ont pas besoin de jouer un rôle plus important ou d’adopter une posture plus agressive pour protéger leurs intérêts légitimes … »
Et pour ceux qui n’auraient pas chaussé les bonnes lunettes ou qui seraient victimes de problèmes auditifs, un éminent journaliste du Washington Post, au lendemain de la guerre du Kosovo, avait cru bon d’ajouter :
« En Europe, les Etats-Unis occupent de nouveau une place aussi importante qu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Nous, américains, avons, une fois de plus, tiré les marrons du feu européen … »
Cohn-Bendit, Bové, Besancenot, alliés objectifs de l’Amérique : voilà qui ne manque pas de sel !..
Et que penser de nos médias qui ne manquent jamais une occasion de relayer leurs discours pervers alors que leurs micros se ferment quand une seule voix s’élève pour appeler au sursaut de la France ?
Comment redonner à la France son identité et son dynamisme ?
En organisant dès maintenant la résistance à cette nouvelle occupation à laquelle nous sommes confrontés depuis trop longtemps, de manière aussi sournoise qu’indolore, en apparence seulement : aux guerres du passé s’est substituée une guerre économique sans précédent dans laquelle les chômeurs tiennent aujourd’hui le rôle des fantassins sacrifiés hier dans des combats moyenâgeux …
La tâche sera rude car, comme en 40, nombreux sont ceux qui savent tirer parti de cette occupation : la collaboration serait-elle une tare spécifiquement française ? …
La priorité des priorités : reprendre, pied à pied, le bastion de l’Education Nationale.
Crise d’identité, crise morale, crise des institutions, crise des banlieues, crise de l’emploi, comment ne pas voir que toutes ces crises ont pour origine une seule et même cause : la faillite de notre système éducatif, un système phagocyté par ceux-là mêmes qui y avaient mis le feu en 68 …
Vous pourriez être tentés de croire que j’exagère et que je serais victime d’une espèce de névrose ou de syndrome « post-soixante-huitard ». Eh ! bien, détrompez-vous.
Qui connaît ici le mathématicien Laurent LAFFORGUE ?
Professeur à l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques, membre de l’Académie des Sciences, Laurent LAFFORGUE avait été désigné tout récemment par Jacques CHIRAC en qualité de membre du Haut Conseil à l’Education (eh ! oui, ça existe …).
Que croyez-vous qu’il arriva ?... Eh ! bien, après quelques semaines seulement, il a été contraint de démissionner, au motif que, dans un courriel confidentiel, il avait eu l’insolence de déclarer, à propos de l’entrée au H.C.E d’experts de l’Education Nationale :
« C’est comme si, dans un Haut Conseil des Droits de l’Homme, nous faisions appel aux Khmers rouges !... »
Claude ALLEGRE, avant lui et comme tant d’autres, n’avait-il pas subi le même sort pour avoir quant à lui dénoncé le « mammouth » ? …
Insulte suprême : et pourtant, la Cour des Comptes a récemment relevé que 20 000 professeurs ne sont jamais devant des élèves !… Or, ce sont précisément ceux-là qui sont payés, souvent à prix d’or, pour réfléchir au contenu des programmes et aux méthodes d’enseignement, avec le résultat que l’on sait …
Dans aucun autre ministère, mis à part celui de l’Economie et des Finances, il n’existe une aussi forte détermination à « descendre en flammes » tout ministre ayant des velléités de réforme.
L’Education Nationale est, de toutes les places fortes occupées par les talibans, celle qu’il est urgent de réinvestir.
La seconde priorité, c’est le rétablissement d’urgence de nos finances publiques, en instaurant la sincérité des comptes.
Si les comptes de l’Etat étaient sincères, il y a belle lurette que vous auriez pu découvrir cette petite annonce, au détour des pages d’un quotidien économique :
« Urgent : pour cause de difficultés chroniques et suite à de graves erreurs de gestion, société à très fort potentiel de développement et jouissant de ressources humaines exceptionnelles, cherche repreneur. Faire offre, sous pli confidentiel, à : Ministère de l’Economie et des Finances – 139, Rue de Bercy – 75012 Paris. Pas sérieux, s’abstenir … »
Comment s’étonner que les français désespèrent, aujourd’hui ? Il n’y a plus, dans notre pays, de grands projets et de grande ambition : nous vivons dans une France d’apothicaires et de comptables, aux ordres d’une classe politique tétanisée à la seule évocation de mots tels que « réforme » et « action ».
Tant que les politiques se révèleront incapables d’assumer le mandat que les électeurs leur ont délivré pour entreprendre, sans la moindre faiblesse, la réforme de l’Etat et celle de nos dépenses publiques, alors tout espoir de retrouver un niveau d’emploi et de croissance durables est voué à l’échec. Et ce ne sont pas quelques mesurettes ou ficelles électorales qui ne trompent plus personne aujourd’hui qui contribueront à redonner confiance aux français.
La troisième priorité porte, précisément, sur la capacité et la volonté de nos hommes politiques à reprendre en main les destinées du pays.
Il faut « avoir confiance en la France » a déclaré Jacques CHIRAC, à l’occasion des vœux : un comble quand on sait que le Président en personne comme une large majorité de la classe politique ne croient plus en la France depuis bien longtemps …
S’il avait été gaulliste, seulement une fois dans sa vie, Jacques CHIRAC saurait que l’immense majorité des français n’a jamais cessé de croire en la France et en sa capacité à se battre contre l’adversité : ce n’est pas en la France que les français n’ont plus confiance, c’est, beaucoup plus grave, en leur classe politique …
N’est-il pas symptomatique de constater que lors d’un sondage effectué auprès des étudiants de « Sciences Po » :
- 68% d’entre eux déclarent ne pas avoir confiance dans les hommes politiques
- 1 sur 2 dit avoir déjà participé à des manifestations
- 1 sur 4 envisage sans sourciller d’affronter les forces de l’ordre …
Quelle est belle, la France ! …
A qui la faute ?
N’est-ce pas Jean-Pierre RAFFARIN, professeur à « Sciences Po », qui se plaisait à dire à ses élèves que « l’électeur était un consommateur comme les autres … » ?
On voit bien que Jean-Pierre RAFFARIN n’a jamais fait lui-même les courses : sinon, il saurait depuis longtemps que les consommateurs ont appris à se méfier des contrefaçons et n’oublient jamais de regarder la date de péremption …
La publicité, le marketing et la communication se sont emparés du « marché » de la politique comme du marché des « fast-food » : des idées pas chères, sans saveur, à consommer sur place ou à emporter, dont on ne conserve aucun souvenir ni bénéfice.
Qu’on y prenne garde, car à force de confondre en permanence gouverner et communiquer, les français, de moins en moins dupes, pourraient bien siffler brutalement la fin des partis : « la meilleure cour suprême, c’est le peuple … » disait De Gaulle…
4. Mes vœux pour la France
Que se lève enfin un autre De Gaulle, qui réconcilie les 2 France, celle de gauche et celle de droite, en marginalisant les extrêmes et en entraînant derrière lui cette immense majorité de français qui croit encore en la France, à condition qu’on lui présente un vrai et grand projet ambitieux.
Pour cela, 3 mots-clés :
- courage
- abnégation
- vérité
Enfin, pour terminer, 2 citations magnifiques :
La première est de Sénèque :
- « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles … »
La seconde est de Périclès :
- « Le secret du bonheur, c’est la liberté et le secret de la liberté, c’est le courage … »
VIVE LA FRANCE !
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