Drogue au travail: "Si vous faites un test salivaire sur des serveurs, 25 à 30% seront positifs"

Le conseil d'Etat a décidé d'autoriser le test salivaire de détection de stupéfiants pratiqué par l'employeur sur ses salariés occupant des postes "hypersensibles" eu égard à la sécurité.
Philippe Batel, psychiatre et alcoologue à l'hôpital Beaujon, à Clichy:
"Une enquête a été faite à New York. Elle a une application française et retrouve à peu près les mêmes chiffres. Si vous vous intéressez aux serveurs, dans l'hôtellerie-restauration, et à ceux qui sont particulièrement efficaces, et qu'à un moment donné, au cours de leur service, vous leur faites un test salivaire, vous allez trouver entre 25 et 30% de personnes positives.
Quand vous arrêtez une camionnette blanche du BTP de bon matin et que vous testez le chauffeur, vous allez en avoir entre 20 et 30% qui seront positifs au cannabis. C'est une réalité. On n'est pas sur une petite marge. Quand vous allez dans des salles de marchés et que vous vous intéressez aux toilettes de ces salles de marché, vous allez retrouver toutes sortes d'amphétamines ou de métanphétamines dans les urines. Le film Le Loup de Wall Street est à peine une caricature: les produits circulent. Et, très souvent, il y a une tolérance passive de la part des grandes banques. Ce qui est, à mon avis, tout à fait criminel.
"L'addiction est une prise de risques"
Le krach boursier de 2008 pourrait même venir de prises de risque de traders qui consommaient des substances addictives et pour lesquelles il y avait une vraie levée d'inhibition. Cette théorie a été développée par David Nutt, neurobiologiste anglais. Il montre en particulier que sur les prises de risque des subprimes, il fallait avoir un cerveau hautement défoncé pour pouvoir rentrer dans ce niveau de risque. On le sait très bien.
Et l'addiction en soi est aussi de la prise de risques. Cela a été parfaitement démontré dans l'addiction au jeu. Il y a un mécanisme physiologique qui se met en place dans lequel on est dans le déni de réalité, systématiquement dans l'anticipation positive".