Drogue, violences et vol: comment expliquer le scandale dans la police du 93?

Quatre policiers de Seine-Saint-Denis ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire jeudi, soupçonnés de falsification de procès-verbaux, de violences ou de vols, faits qui ont conduit à la dissolution de leur service.
Quatre policiers de Seine-Saint-Denis ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire jeudi. Les quatre hommes, membres de la compagnie de sécurisation et d'intervention de Seine-Saint-Denis, ont été mis en examen pour faux et usage de faux en écriture publique, a indiqué le parquet de Bobigny. Trois d'entre eux ont également été mis en examen pour violences en réunion. Parmi ces trois agents, l'un a aussi été mis en examen pour transport et détention de cannabis et un autre pour vol d'un téléphone portable dans l'exercice de ses fonctions. Les quatre fonctionnaires ont été placés sous contrôle judiciaire avec notamment l'interdiction de se rendre dans des locaux de police en Seine-Saint-Denis.
"Ce sont des gars qui ont perdu le sens de la mesure, qui n'avaient plus aucune déontologie, et qui pour avoir des résultats, se comportent comme ceux qu’ils ont en face", a indiqué une source proche du dossier.
Pour Frédéric Ploquin, grand-reporter et coauteur du livre "Gang de flics. La folle dérive des ripoux de Lyon", des policiers ripoux, il y en a toujours eu.
“Depuis que la police est police, il y a des ripoux. Tous les policiers de France ne sont pas ripoux. Sur cette affaire, quand on lit les détails des mises en examen, on a l’impression de se retrouver au fin fond d’une banlieue de Buenos Aires en Argentine avec des gars en dérive complète. Sauf qu’on n'est pas en Argentine, on est à deux pas du périphérique, dans un département qui est probablement un des plus criminogène de France et où la police devrait donc être la plus exemplaire”, indique-t-il.
Il estime que cette situation a pu être engendrée par les conditions de travail de ces policiers. “Ils sont toute la journée dans leur voiture, lâchés sans chef ni supérieur et ils circulent dans ce département et voient pratiquement des dealers à chaque coin de cité. Donc, là, on voit qu’il y a un premier problème, c’est l’absence de hiérarchie sur le terrain”, affirme-t-il.
Des policiers mal formés ?
Selon le grand-reporter, il y a également la formation de ces policiers qui se pose.
“Est-ce que ces policiers ont été mal formés, c’est possible. Actuellement, le niveau de recrutement dans la police a considérablement baissé. Et il y a peut-être un sentiment d’impuissance à arrêter les voyous. Et on a l’impression qu’ils se disent, ‘on y arrive pas, alors c’est nous qui allons faire justice’. La plupart du temps, quand on regarde les conseils de discipline, on s’aperçoit que les ripoux font ça pour l’argent. Aujourd’hui, la police républicaine ne se sent plus considérée, ils se sentent mises en cause en permanence”, explique-t-il.
Après ces révélations, la préfecture de police de Paris a annoncé jeudi la dissolution de la CSI, qualifiant les faits reprochés aux quatre policiers d'une "particulière gravité".
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