Eléments de langage…
Les éléments de langage, c’est l’UMP qui a « inventé » le concept et ce, sous la houlette de Xavier Bertrand. En gros, tout le monde dit la même chose, plus ou moins en même temps. On uniformise ainsi le discours pour que celui-ci passe bien dans l’opinion. Dans le foot français, sans le savoir, la grande famille L1 avait déjà largement répandu cette idée. On pense la même chose, on dit la même chose et on fait la même chose.
Les éléments de langage du foot français, c’est quoi ? Je vous livre pêle-mêle quelques expressions clefs pour comprendre, mais assurément vous pourrez compléter la liste : On était bien en place / Le bloc équipe a bien fonctionné / On a gagné les duels / La récupération a été bonne / Le coach nous a dit d’abord de bien défendre et ensuite de jouer les coups à fond / On est venu chercher quelque chose / On est venu faire un résultat / C’est un joueur costaud / On a été solide… Voilà, c’est franchement très attrayant, et ça permet d’envisager à chaque fois beaucoup d’ambitions sur le terrain.
Ces éléments sont largement repris par les journalistes de foot. Lors de la présentation de la compo d’une équipe, il n’est pas rare d’entendre que devant les 4 défenseurs, il y a 2 joueurs « à la récupération » ! Le plus drôle, c’est d’entendre ça sur un match étranger. Un jour Pirlo a ainsi été mis dans la case « récupérateur » !!!! Ces tics de langage sous entendent qu’avoir le ballon n’est pas le but, faire le jeu non plus. Non, le but c’est de récupérer le ballon, car l’équipe, a priori, ne l’aura pas ! C’est de cette façon que des 6 ont pu devenir des idoles, ou plus modestement les meilleurs joueurs d’une équipe (cf : Toulalan en EDF)
Qu’on ne s’y trompe pas, derrière ces phrases et expressions en bois, il y a clairement la définition du foot français. D’abord défendre, être fort physiquement pour répéter les courses, les efforts défensifs et donc gagner les duels. Ensuite, une fois le ballon récupérer, jaillir très vite (d’où l’importance de l’attaquant rapide) vers le but adverse. C’est pour cela qu’il faut les fameux joueurs dits solides et costauds. Enfin, cette approche conduit d’abord à préserver le match nul avant d’envisager mieux ! Combien d’équipes adoptent ces principes en L1 ? Je vous laisse réfléchir, on en parlera ensemble. Récemment la lecture des ITW de Platini dans So Foot et surtout celle de Cruyff dans FF m’a conforté dans l’idée qu’il fallait inventer ou en tout cas changer le discours. Platini qui se moque de ceux qui parlent de gagner les duels, qui souligne qu’à son époque beaucoup des joueurs qu’il voit aujourd’hui auraient fait athlétisme ou basket, c’est rafraichissant. Mais c’est surtout Cruyff qui, en s’attardant sur la méthode Rinus Michels, Barça, s’avère le plus intéressant. Il parle de l’intelligence de jeu, de l’importance de la passe plus que du dribble, du mouvement autour du porteur. Il parle de la taille, du physique des joueurs, du comment défendre quand on n’a pas le ballon. Ah le jeu sans ballon. Ça me rappelle toujours la phrase d’Albert Batteux qui devant un type qui vantait les mérites d’un joueur très fort dans le jeu sans ballon, le coupa pour lui dire : « Bon ok, très bien, mais avec le ballon il sait faire quoi ton joueur ? »
Skoblar a également parlé foot dans FF cette semaine. L’ex fantastique attaquant de l’OM se dit effaré par les erreurs techniques de la plupart des attaquants. Il parle appels de balle, souplesse du corps, de la cheville. Il juge même certains attaquants actuels. Sans surprise il trouve excellent Eto’o, Drogba, Berbatov, Higuain. Plus surprenant il est assez sévère à l’égard d’un Torrès. Mon dieu, que doit-il penser de Gignac… ?
Si on veut bien les entendre, il y a donc beaucoup d’illustres « anciens » qui parlent autrement. Ils sont là pour nous aider à voir le foot autrement. Sous leur « parrainage » je vous invite à entamer une sorte de révolution des éléments de langages…
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