En guerre contre Subway: "En 4 ans je n'ai pas pu me payer"

Jeune retraité militaire, Yohann Tapin a décidé d'ouvrir un Subway franchisé fin 2012. Mais il réalise vite que le géant américain lui impose des pratiques obligatoires qui plombent son chiffre d'affaires. Après 4 ans sans salaire, il jette l'éponge et attaque Subway au motif de salariat déguisé. Il raconte son expérience à RMC.fr.
Yohann Tapin, ancien gérant d'un Subway franchisé
"J'ai ouvert mon magasin franchisé Subway en novembre 2012. J'étais retraité militaire et j'avais toujours eu cette idée d'ouvrir une enseigne. Subway ça marchait fort, donc je me suis dit que j'allais me lancer.
Après avoir pris un droit d'entrée de 10.000 euros, ils m'ont donné une check-list avec tout ce qu'il y avait à faire avant l'ouverture avec des noms de fournisseurs à contacter. Je n'ai pas eu le choix de mon architecte, il a fallu que je choisisse dans la liste. L'architecte a choisi ses artisans, ils venaient tous de Toulouse alors que ma boutique se situe à Narbonne.
20.000 à 30.000 euros de sandwiches gratuits
Dès le début j'ai été interpellé par leur système de fidélité obligatoire avec une carte qui fonctionne avec des points. On doit acheter les cartes et les timbres. Au bout de 8 points, la personne peut avoir un sandwich gratuit. Moi ce qui m'a choqué c'est qu'en l'espace de 4 ans, avec ce système, j'ai dû donner 20.000 à 30.000 euros de sandwiches gratuits.
Ils nous ont aussi obligé à faire des sandwichs du jour à 2,90 euros. Mais moi je n'ai pas autant de flux que dans les grandes villes, donc si je ne vends que des sandwiches à 2,90, je ne gagne pas mon argent. On vous impose aussi une ouverture de 98 heures par semaine 7 jours sur 7. C'est Subway qui décide.
En 4 ans, je ne me suis pas payé parce que sinon je mettais mon entreprise en difficulté. Je payais mes salariés, je payais mes charges, je payais le loyer commercial mais je n'ai pas pu me payer un centime.
"Certains sont dans une merde totale"
Ils voulaient que j'applique leur façon de faire. Je ne suis pas le seul patron de Subway qui ne peut pas se payer. Mais beaucoup ne peuvent rien dire. Moi j'ai la chance d'avoir une petite retraite militaire mais certains sont dans une merde totale. Et Subway n'en a rien à faire.
Les prix augmentent en permanence mais comme on vous impose les fournisseurs vous n'avez pas le droit de changer. Je leur disais d'arrêter de penser que Paris est le centre du monde et que l'on ne peut pas appliquer la même façon de fonctionner que dans la capitale. Ça n'a rien à voir. A Narbonne, on ne fonctionne pas pareil. Et eux se disaient que si ça fonctionnait à Paris ça allait marcher partout.
"Quand j'ai réalisé qu'ils ne payaient pas d'impôts en France, je me suis dit qu'on marchait sur la tête"
Nous sommes normalement des franchisés indépendants, donc tout ce qui est prix, publicité, promotion, nous devrions être les maîtres de ça.
J'ai arrêté de payer des royalties à Subway en février 2015. Quand j'ai réalisé qu'ils ne payaient pas d'impôts en France, je me suis dit qu'on marchait sur la tête. Nous, on paie des impôts sur la société.
J'ai aussi décidé de les attaquer aux Prud'hommes au motif qu'il s'agit de salariat déguisé. On leur réclame 1,5 million d'euros. On les a aussi attaqués au tribunal de commerce de Marseille pour obtenir le remboursement des royalties qu'on leur a versés.
C'est inadmissible de pouvoir laisser ces grandes entreprises se faire du fric en France. Est-ce qu'on ne peut pas taxer ces entreprises qui gagnent un fric monstre et qui déclarent le moins possible? On marche sur la tête".
Contacté par RMC.fr, Subway France a déclaré que la procédure engagée par Yohann Tapin concernait Subway US et n'était donc pas en mesure d'apporter plus de précisions.