Entrez, c’est ouvert…
Après son large succès devant l’Estonie, la France termine la phase de préparation en pleine confiance. Faut-il désormais la considérer comme un outsider sérieux ? Peu importe le statut, l’histoire montre que le championnat d’Europe des Nations n’aime guère les certitudes…
A l’approche de l’Euro combien de fois l’amateur de foot a débuté une conversation par : « Et toi tu le sens comment cet Euro ? ». La suite ? Souvent une enfilade de clichés ou phrases banales. Le constat, en tout cas, qu’il est très difficile d’envisager ce qu’il va se passer durant ces trois semaines. Traditionnellement, l’Euro offre ce que l’observateur appelle des « surprises ». La Tchécoslovaquie vainqueur en 1976, la Grèce en 2004. Le Danemark 1/2 finaliste en 84 puis vainqueur en 92. La République Tchèque finaliste en 96. On peut ajouter l’Italie finaliste en 2000 comme on pourrait évoquer d’autres parcours d’équipes pas forcément attendus. Même l’Espagne, enfin vainqueur en 2008, avant l’explosion au niveau mondial du Barça, n’était pas donnée gagnante tant elle avait connu l’échec dans le passé.
A la différence de la Coupe du Monde, l’Euro ne permet pas de rater son départ. Et si lors d’un Mondial on nous ressert à la louche le fameux « il n’y a plus de petites équipes », à l’Euro, c’est une réalité qui peut vite vous tomber sur le coin du nez. L’Italie a souvent souffert de ça. Lors de l’épreuve 1996, puis à l’Euro 2004 devancé dans son groupe par le Danemark et la Suède. Les voisins nordiques qui avaient déposé en poule la France et l’Angleterre en 1992. On n’oublie pas l’Allemagne et encore l’Angleterre très tôt éliminés en 2000. Et s’il est vrai que la Grèce 2004 reste la surprise la plus éclatante, rarement, voire jamais l’Euro n’a respecté une logique, une hiérarchie établie.
En poussant un peu, on peut presque dire qu’un trio Espagne, Allemagne, Pays-Bas aux portes de la finale, voilà ce qui constituerait une surprise. Pourtant, impossible de ne pas attendre l’Espagne au plus haut. L’usure du succès ne semble pas avoir perturbée les joueurs et leurs forces sont intactes. C’est un peu comme au début de la LDC, on est bien obligé d’envisager le Barça au bout et le Real pas loin. Reste que ces deux équipes ont été battues cette année. Le Real par un Bayern qui fait penser à la sélection allemande. L’équipe du grand Löw est l’autre favori. Le cocktail Bayern/Dortmund à chaque fois placé depuis 2006 a faim de reconnaissance. A moins qu’en changeant de style, les Allemands à l’image du Bayern en finale de la LDC ne soient devenus « petit bras ». Mais qui dans cet Euro d’équipes qui revendiquent presque toutes, un style positif peut venir jouer le rôle du Chelsea de cette saison ? L’Angleterre ? Ce serait vraiment surprenant. Elle va, certes, probablement offrir un style rudimentaire mais attendons déjà de voir si elle peut sortir de sa poule.
Derrière le duo Espagne/Allemagne, les Pays-Bas des artistes pas toujours associés sont là pour briller. Et on est bien obligé de se ranger à cette logique. Les résultats le prouvent. Je rappelle juste qu’ils devront sortir le Danemark et le Portugal pour accompagner l’Allemagne en 1/4. Allemagne et Pays-Bas qui sortent du groupe B tout propres et en toute logique, c’est presque trop gros pour être vrai. Trois favoris et un tas d’outsiders, voilà donc le tableau. Le classement FIFA, maître étalon, nous propose d’abord l’Angleterre et son équipe diminuée puis l’Italie en challengers officiels. Franchement si l’une de ces deux équipes gagnent l’Euro on tombe de la chaise et par la suite qu’on arrête de mettre au point des préparations pointilleuses pour que les joueurs arrivent au top lors d’une grande compétition. Des blessés, une prépa tronquée, un changement de coach au dernier moment, un scandale national, il ne faudra plus avoir peur de rien !
Le maître étalon FIFA propose aussi le Portugal et la Croatie respectivement 5e et 8e mais qui peut y croire sérieusement ? Et la France ? Pourquoi croire plus à la 16e nation ? Parce que le chantier est terminé, que l’équipe est claire, qu’elle reste sur une belle série ? Oui, pourquoi pas. Mais on y croit parce que le jour semble se lever après des années de brouillard ou parce qu’objectivement elle dégage du positif ? Incontestablement le progrès est notable. Blanc a une équipe et enfin un bon état d’esprit général. Un doute subsiste en défense centrale ? Mais quelle sélection n’a pas de doute quelque part ? Et sans sombrer dans une euphorie délirante, face à l’inconnu qui se présente à elle, il n’y a pas de raison de baisser la tête. Avant l’Euro 2008 et la CM 2010, beaucoup d’indicateurs laissaient craindre le pire. Là, il y a au moins l’idée que quelque chose de positif peut se passer. A juste titre, Blanc soulignait récemment que son équipe n’a que trop peu de vécu par rapport à des groupes comme ceux du trio de favoris qui par ailleurs peuvent s’appuyer sur des ossatures d’équipes de club. Seul un parieur fou peut donc envisager un succès, voire une finale des Bleus. Mais derrière le fameux trio, c’est très ouvert et beaucoup d’équipes peuvent transformer le classement FIFA en maître poney…
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