Est-ce que, comme l’affirme Jean-Luc Mélenchon, 54 Français ayant collaboré avec les Nazis touchent une pension allemande?

Le ministère allemand du Travail avait indiqué vendredi à l'AFP que plus de 2.000 personnes, dont les trois quarts en Europe, ont touché en février des pensions versées à d'anciens collaborateurs du régime nazi ou à des personnes enrôlées de force.
Cette question fait référence à un tweet publié par le leader de la France insoumise, le 23 février. Dans ce tweet, il parle d’une pension versée par le gouvernement allemand à 54 Français pour leur collaboration avec le régime nazi. Manifestement choqué, il indique qu’il va contacter "tous les présidents des groupes parlementaires pour faire interdire" ce versement.
Jean-Luc Mélenchon réagit à une information révélée vendredi 22 février par le ministère du travail allemand lui-même à l’AFP (l’agence France Presse). Le ministère a indiqué que des pensions d’invalidité sont encore versées par l’Allemagne à d’anciens collaborateurs étrangers de l’armée allemande, ou à des enrôlés de force, au nom d’une loi de 1951.
54 Français continuent de percevoir cette pension
En France, comme Mélenchon le dit dans son tweet, 54 personnes continuent de percevoir cette pension, 74 ans après la fin de la guerre. En tout, d’après les chiffres donnés par le ministère allemand à l’AFP, 2.033 personnes dans le monde (dont les trois quarts en Europe) ont touché cette pension au mois de février 2019, qui peut s’élever jusqu’à 1.300 euros mensuels.
D’après l’historien Christoph Brüll interrogé par l'AFP, "les critères d’attribution étaient généreux". Par contre, les anciens membres de la SS et/ou les personnes condamnées pour crime de guerre en sont exclus
Au-delà du nombre communiqué par l’Allemagne, on dispose de très peu d’informations. Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d’Etat auprès du ministère des Armées a annoncé dans les colonnes du Parisien lundi qu’elle avait demandé à l’Allemagne des éléments plus précis sur les personnes concernées. Mais contrairement à Jean-Luc Mélenchon, la secrétaire d’Etat ne s’est pas prononcée sur une éventuelle demande d’interdiction des versements de ces pensions pour l’instant.
Si le sujet refait surface aujourd'hui, c'est que le ministère du travail allemand a dévoilé le nombre de bénéficiaires de cette indemnité à l’AFP alors que la Belgique s’est emparée du sujet, la semaine dernière. Les députés belges ont voté mardi 19 février une résolution demandant au gouvernement de plaider auprès de l’Allemagne la fin du régime des pensions accordées aux collaborateurs belges. Ils demandent aussi une des informations sur les 18 bénéficiaires concernés. Car comme dans le cas de la France, le Belgique ne connaît pas les noms de ces personnes puisque l’Allemagne n’a jamais communiqué de liste.
L'Allemagne discrète sur le sujet
Si l’Allemagne est plutôt discrète sur le sujet, le sujet était déjà apparu en 2015, lorsqu’Angela Merkel avait reconnu que l’Etat allemand versait plus de 100.000 euros par an à 41 vétérans espagnols ayant combattu auprès des Nazis, ainsi qu’à huit veuves et un orphelin.
En 2016, en Belgique une association de survivants de la seconde guerre mondiale avait remis cette question sur le devant de la scène et en 2017, l’ambassadeur d’Allemagne en Belgique avait affirmé que le montant des pensions versées en Belgique s’élevait à environ 385 euros, lors d'une audition devant la Chambre des représentants.
En résumé, 54 Français continuent de toucher une pension versée par l'Allemagne attribuée à d’anciens collaborateurs de l’armée allemande ou enrôlé de force. Mais les conditions précises d’obtention sont encore très floues et l’identité des bénéficiaires inconnus.
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