Euro et prostitution: "La demande s'accroît, les réseaux s'organisent"

Avec ce mois de fête débridée pendant l'Euro de football, les associations de lutte contre la prostitution craignent que les clients des réseaux de prostitution soient, de ce fait, plus nombreux.
L'Euro 2016 va-t-elle entraîner un afflux de clients vers les prostituées? La France attend plus de deux millions de spectateurs dans les stades et d'autres millions de supporters dans les rues. Et les associations de lutte contre la prostitution craignent que les clients des réseaux de prostitution soient, de ce fait, plus nombreux.
Le Mouvement du Nid a donc lancé une campagne de prévention en direction des acheteurs ou potentiels acheteurs de sexe, en partenariat avec la mairie de Paris et le ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. Avec, notamment, la diffusion d'affiches dans les stades et à l'entrée des fan zones.
"Les réseaux s'organisent pour pouvoir répondre"
Lorraine Questiaux, déléguée départementale du Mouvement du Nid à Paris, explique sur RMC les principales craintes de son organisation pendant ce type d'évènement:
"C'est vrai qu'à l'occasion de grands événements comme cela, malheureusement, on peut déplorer une demande qui s'accroît. Et donc forcément, les réseaux s'organisent pour pouvoir répondre et déplacent des femmes, des enfants… Dans l'esprit de certaines personnes, on peut consommer de la bière, on peut consommer le corps d'une femme… Pour l'instant, on est très loin de l'horreur qui avait pu être constatée à la coupe du monde de football en Allemagne: on construisait des maisons closes spécialement à cet effet. Donc nous espérons, et on sera extrêmement vigilant, à ce que ce phénomène ne se produise pas en France. Heureusement, on n'en est pas là".
"Prévenir les clients potentiels que la loi a changé"
Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris en charge de l’égalité femmes/hommes, redoute, elle aussi, la multiplication du nombre de clients de la prostitution pendant l'Euro.
"Il y a encore certains archaïsmes qui peuvent entourer ces compétitions, et plus particulièrement lorsqu'il s'agit de compétitions d'hommes", prévient l'élue communiste. "On a le sentiment que parfois, ça peut être accompagné de débordements. Parmi les millions de supporters présents, quelques-uns peuvent être des clients, parfois habituels, occasionnels, de la prostitution. Il va y avoir, aussi, des milliers de supporters, venus aussi de l'étranger. Et c'est pour ça qu'on lance cette campagne en anglais. Notre objectif, c'est de les interpeller et de les prévenir que la loi a changé. Désormais, ils sont sanctionnés par la loi".
Un raisonnement "faux" et "ridicule", selon le STRASS
Maîtresse Gilda, membre du Syndicat du travail sexuel (STRASS), dénonce, sur notre antennte, un raisonnement "faux" et "ridicule":
"C'est un mythe! On a une image [qui véhicule l'idée que] le supporter de foot, c'est forcément un mâle, aviné, en rut, assoiffé de sexe, qui va consommer compulsivement des centaines de prostituées. Tout ça est absurde et grotesque. Dans la réalité, les soirs de matchs, ce sont les soirs où l'on travaille le moins. Parce que les gens assistent au match, d'abord. Ils assistent au match en groupe, parfois en famille. Et ensuite, lorsqu'ils sortent, soit leur équipe a gagné: ils sont contents, ils vont boire, faire la fête, etc. Et quand ils sont soûls, eh bien ce n'est pas le meilleur moment pour nous. Soit leur équipe a perdu, ils rentrent chez eux. Donc de toute façon, les soirs de grands événements sportifs, mes collègues vous le confirmeront: ce sont les soirs où l'on travaille le moins".
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