Évasion de Redoine Faïd: "L'administration centrale était au courant depuis mai des préparatifs d'évasion"

L'évasion de Redoine Faïd de la prison de Réau, dimanche, aurait pu être évitée selon le personnel pénitentiaire, qui rappelle que l'administration centrale avait été mis au courant, dès le mois de mai, de préparatifs d'évasion.
L'évasion de Redoine Faid aurait-elle pu être évitée en amont? En tout cas les velléités d'évasion du braqueur étaient connues des autorités. Lundi déjà, la ministre de la justice Nicole Belloubet n'écartait pas la possibilité d'une défaillance. Certains cadres pénitentiaire avaient d'ailleurs alerté l'administration centrale le 22 juin. Et la direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris avait demandé le transfert en urgence de Redoine Faïd. Dans un échange de mails, révélé lundi, l'administration centrale avait proposé un transfert en septembre. Bien trop tard pour la direction interrégionale qui avait dénoncé une "décision très dangereuse" et annoncé "des risques graves et sérieux de troubles à l'ordre public".
"On a mis en danger les personnels"
Aujourd'hui, les syndicats pointent du doigt la légèreté des autorités face à un détenu dangereux. Wilfried Fonck, secrétaire national UFAP Unsa pénitentiaire estime que la direction de l'administration pénitentiaire aurait dû réagir il y a deux mois déjà. "L'administration centrale était au courant depuis mai que des préparatifs d'évasion étaient en cours. Fin juin, il a été adressé un courrier par la direction interrégionale des services pénitentiaire de Paris à l'administration centrale demandant son transfèrement en urgence. La réponse a été de dire: 'OK, mais on fera un transfert en septembre'. C'est hallucinant quand on connaît le profil de l'individu. Tous les personnels de l'administration pénitentiaire connaissent le profil de Redoine Faïd, et là on a mis en danger la sécurité des personnels, des structures et des familles présentes au parloir."
"Une réflexion aura lieu"
La direction de l'administration pénitentiaire, elle, se justifie. Elle avance "des raisons objectives qui ont motivé" ce délai. Sans en préciser les motifs. Redoine Faïd aurait-il pu être transféré plus tôt? La mission d'inspection générale de la justice devra déterminer s'il y a une faille au niveau de l'administration pénitentiaire. Mais pour Youssef Badr, porte-parole du ministère de la Justice, il est encore trop tôt pour savoir s'il y a eu défaillance. "Peut-être qu'une réflexion était nécessaire et elle aura lieu sur le nombre de temps durant lequel un détenu particulièrement signalé doit être laissé en détention. Il ne faut plus lui laisser le temps de s'installer et lui laisser le temps de fomenter quelque chose".