"Expliquez-nous": pourquoi Donald Trump menace-t-il de fermer Twitter?

Un incroyable bras de fer oppose Donald Trump à Twitter. Le président américain menace de fermer le réseau social accusé d’avoir commis un crime de lèse-majesté.
Depuis son élection, Donald Trump a toujours fait de Twitter son terrain d’expression favori. Pourtant, entre le réseau social et le président américain, rien ne va plus. C’est à cause d’une petite ligne écrite en bleu et en gras par Twitter en dessous de deux messages de Donald Trump. Une ligne pour écrire : “Obtenez les faits sur cette affaire”. Et si l’on clique dessus, on est renvoyé sur un site de CNN qui affirme que les propos de Donald Trump sont faux. Bref, Twitter accuse Donald Trump de mentir. Et Donald Trump ne le supporte pas.
Tout a commencé à cause de la haine du président américain pour un présentateur de la télévision. Il s’appelle Joe Scarborough, et il présente la matinale de la chaîne NSNBC. Une chaîne d’info qu’on peut comparer à BFMTV. Donald Trump le déteste parce que le présentateur vedette est très critique sur sa gestion du Coronavirus. Alors le président américain a ressorti une vieille histoire.
Il y a 20 ans, Joe Scarborough, avant de devenir journaliste était un élu local républicain en Floride. Il avait une assistante de 28 ans qui s’appelait Lori Klausutis et qui un jour a été retrouvé morte à son bureau. L’autopsie a conclu à une crise cardiaque, et l'enquête a vite été refermée. 20 ans plus tard, Trump essaie de semer le doute. Il laisse entendre que le journaliste avait peut-être une liaison avec son assistante. Qu’il l’a peut être tué. Dans ses tweets, il le surnomme Joe le psycho. Il écrit : "Est-il un meurtrier qui s’en est bien sorti? Certains le pensent…" Ou alors, en ce moment "Joe le psycho est nerveux, parce que ces audiences ne sont pas bonnes et parce qu’il a peur qu’une vieille histoire ressorte". Et le fils du président américain Donald Trump Junior en rajoute avec des accusations encore plus directes.
Le journaliste accusé de meurtre a naturellement protesté. D’abord à l’antenne de sa matinale télé avec sa co-présentatrice qui est aussi sa compagne. Puis ils se sont adressés au patron et fondateur de Twitter, Jack Dorsey, pour lui demander d’effacer ces tweets diffamatoires. Mais le milliardaire n’a pas répondu.
Ensuite, le veuf de la jeune assistante est intervenu. Il a aujourd’hui 52 ans, et il a lui aussi écrit au patron de Twitter en lui disant: "C’est une théorie complotiste que relaie le président des Etats-Unis, ma femme est morte d’une crise cardiaque. Elle avait un problème au cœur. S’il vous plaît, effacer ces messages. Il viole vos propres règles, si ce n’était pas Donald Trump, vous auriez déjà fermé son compte"… Twitter a répondu qu’il était profondément désolé, mais n’a pas effacé les messages.
Un des comptes les plus influents
Mais Twitter qui est très embêté par cette histoire parce que le veuf de l’assistante a raison. Twitter a une politique de lutte contre la désinformation et contre les messages haineux. Et accuser une personnalité de meurtre sans le début d’une preuve, c’est contraire à cette politique, et ca devrait entraîner le blocage du compte. Beaucoup ont été bloqués pour moins que ca. Seulement voilà. Donald Trump n’est pas seulement président des Etats-Unis, il est aussi un des plus grands comptes sur Twitter. Il a 80 millions d’abonnés, il arrive juste derrière Obama, Justine Bieber ou Rihanna.
Si le réseau social venait à le bannir, à le bloquer ou à le censurer en effaçant ses messages, le risque serait grand qu’il appelle au boycott ou qu’il s’exprime désormais sur d’autres réseaux sociaux. D’où cette demi-mesure, Twitter a simplement alerté ses abonnés sur le caractère possiblement mensonger de deux messages du président. Un message sur cette affaire et un autre qui traite de toute autre chose. Une polémique à propos du vote par correspondance en Californie.
Mais c’est une demi-mesure mais pour Trump c’est déjà trop. Mercredi, il a donc menacé les réseaux sociaux en général, mais c’est bien Twitter qui était visé, menacé d’une forte régulation ou bien d’une fermeture. Puis il a encore tweeté dans la soirée : “Twitter étouffe la liberté d’expression. Et veut s’immiscer dans la campagne présidentielle. Je ne les laisserai pas faire”. Puis en guise de provocation, il a de nouveau envoyé un message très accusateur contre le présentateur télé qui est supposé avoir tué son assistante.
On en est là. Ca donne une idée de la violence de la campagne électorale qui s’annonce, avec des médias qui vont être parties prenantes dans cette campagne contre Trump. Au risque de le renforcer.
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