Explosion des offres Airbnb à la montagne: "Dans 10 ans, les petits hôtels n'existeront plus"

Ces derniers mois, les offres de logement à la montagne sur les plateformes de locations entre particuliers ont explosé. Tant mieux pour les particuliers qui en tirent des revenus. Les hôteliers eux, voient fondre leur clientèle comme neige au soleil, et dénoncent une concurrence déloyale.
Il n'y a pas que dans les grandes villes que les plateformes de locations entre particuliers explosent. C'est aussi le cas à la montagne, où les touristes se ruent à l'occasion des vacances d'hiver, qui débutent ce week-end pour les franciliens. Airbnb, Abritel, Homelidays… les plateformes ont vu leurs demandes et surtout leurs offres de logements proposés à la montagne exploser ces derniers mois. Rien que sur Airbnb, 10.000 offres ont été recensées, soit le double de l'hiver dernier pour ce site américain.
"4.500 euros de revenus sur l'année"
En surfant sur la page recensant les offres pour Chamonix, on est tombé sur l'appartement de Thierry : pour 4 à 6 personnes, vue imprenable sur le Mont-Blanc... Ce logement, il le propose depuis 3 ans son logement sur Airbnb pour les familles en manque de neige. "Je le propose, en tarif hiver, à 135 euros la nuitée, ce qui correspond à 4.500 euros de revenus sur l'année". Alléchant, non ? S'il passe par ces plateformes pour louer son bien, c'est surtout pour le côté pratique de ce système de location.
"J'avais commencé par le mettre sur leboncoin, mais là je ne pouvais le louer qu'à la semaine, et il y avait la contrainte de l'état des lieux. Alors qu'Airbnb propose à la fois une garantie pour le propriétaire, et puis on peut louer effectivement à la nuitée : une nuit, deux nuits, trois nuits… on fait ce qu'on veut".
"Ni fiscalité, ni normes à respecter"
Sur Chamonix, 1.200 offres de locations entre particuliers sont proposées, c'est presque autant que le nombre de chambres d'hôtels. Des hôtels dont le taux de fréquentation a, de fait, baissé. "On va dire entre 15 et 20% de baisses", assure sur RMC Céline Mellinet, gérante d'un quatre étoiles. "Mais c'est de la concurrence totalement déloyale ! Il n'y a pas de fiscalité (en réalité, les particuliers qui louent leur bien via des plateformes sur Internet sont censés déclarer les revenus qu'ils en tirent, mais il est difficile de contrôler s'ils le font bien, NDR), alors que nous professionnels, on est assujetti à des obligations fiscales".
"Et il faut que nos normes incendies, électricité, soient aux normes aussi. Est-ce qu'on demande à ces gens de le faire ? Pas du tout !", s'agace-t-elle.
"C'est un hôtel qui ne porte pas son nom"
Christophe Mellinet, qui tient lui aussi un hôtel quatre étoiles au pied des pistes, ne dit pas autre chose. "Le grand problème, c'est que c'est un hôtel qui ne porte pas son nom, sans les contraintes et obligations qui s'imposent à nous. Nous avons des normes de sécurité, d'accessibilité, alors que ces gens n'ont pas ces obligations, donc peuvent proposer des prix beaucoup plus compétitifs que nous". Lui, estime avoir perdu un tiers de sa fréquentation depuis l'apparition de cette concurrence.
Il prévient même: "Dans 10 ans, les petits hôtels familiaux comme nous n'existerons plus". Un sentiment partagé par la Chambre Syndicale Hôtelière de Chamonix, qui estime que tous les petits hôtels de la vallée devront mettre la clé sous la porte si la location entre particuliers venait encore à se développer.
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