Faut-il bannir les trottinettes en libre-service des centres-villes? Ça fait débat sur RMC

C’est aujourd’hui que le projet de loi mobilité est présenté au vote au Sénat. Il prévoit de donner la possibilité aux communes d’instaurer une autorisation préalable pour les opérateurs qui installent dans les rues ces trottinettes en "free-floating".
L'anarchie, c'est la marque de fabrique de ces sociétés. Pas d’annonce, pas de communiqué. Juste des centaines de trottinettes déposées sur les trottoirs, mises à disposition sans que les municipalités soient prévenues. Il suffit d’installer l’application sur son smartphone, de scanner un code placé sur la trottinette pour la débloquer. Le trajet coûte 1 euro pour la location et 15 centimes par minutes. 50 kilomètres d’autonomie.
Les trottinettes sont rechargées le soir par des "auto-entrepreneurs", souvent des étudiants qui veulent arrondir leur fin de mois. Ils les récupèrent le soir et les replacent à des endroits stratégiques le matin. Pour les entreprises, c’est tout bénéfice. Les trottinettes coûtent une centaine d’euro à produire. Le reste, c’est du bonus. Toute la publicité se fait par bouche à oreille. Lime, la société pionnière vient d’être valorisée à plus de 2,4 milliards de dollars après seulement 2 ans d’existence.
5 millions d'utilisateurs en France
En France, on estime déjà à plus de 5 millions le nombre d’utilisateurs réguliers, dans les grandes villes comme Bordeaux, Toulouse, Lyon, Marseille, Strasbourg ou encore Lille et Paris. Très peu de règles et beaucoup d’incivilités. Grégoire Hénin, le vice-président de la fédération des professionnels de la micro-mobilité, les déplore:
"Deux utilisateurs sur une même trottinette, il ne faut pas, mettre une trottinette au milieu du trottoir, il ne faut pas, rouler à 25km/h sur un trottoir, il ne faut pas. Mais il ne faut pas les supprimer. Ce serait dommage de revenir en arrière par rapport à quelque chose qui répond à une demande et une problématique d'aujourd'hui: l'angle climatique et environnemental et l'angle de fluidifier les transports en commun. Il faut pouvoir réglementer tout ça".
Le projet de loi prévoit donc de limiter le nombre d’engins déployés par les opérateurs, d’interdire la publicité ou encore de laisser libre choix aux communes d’autoriser ou non ces trottinettes ou de mettre en place une redevance.
Bientôt une redevance?
C’est déjà ce qu’ont fait Toulouse, Lille et Strasbourg. A Paris, où 8 marques de trottinettes se partagent le marché, le conseil va aussi se prononcer ce soir sur une redevance. 50 à 65 euros par trottinette à la charge des opérateurs. Et sur des amendes pour les utilisateurs malveillants: 135 euros si vous roulez sur les trottoirs. L’argent servira à financer des emplacements de parking.
D’autres villes, comme Nantes ou Rennes, refusent carrément ces trottinettes déposées à la sauvage par les opérateurs. Elles sont confisquées. Au profit d’une flotte proposée par le réseau de transports en commun municipal avec un vrai garage.
D’autres villes à l’international ont aussi encadré l’utilisation de ces engins. A San Francisco, là où ces trottinettes ont été inventées, la ville a refusé l’agrément à la société pionnière Lime, au profit de plus petits opérateurs plus respectueux des règles.
A New-York, l’utilisation de la trottinette électrique est interdite. Tout comme en Allemagne où c’est interdit au niveau national.
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