Faut-il faciliter l'apprentissage de l'arabe à l'école?
C'est l'une des recommandations d’un rapport de l’institut Montaigne pour lutter contre la propagation de l’islamisme. L'idée est de permettre aux enfants d’avoir accès à ce qui est la langue liturgique du Coran, pour limiter l'interprétation de mosquées.
Faut-il faciliter l’apprentissage de l’arabe à l’école ? Jean-Michel Blanquer y est favorable. Il expliquait lundi vouloir donner du prestige à l’arabe au même titre que d’autres grandes langues de civilisation comme le chinois ou le russe. Le ministre réagissait à l’une des recommandations d’un rapport de l’institut Montaigne pour lutter contre la propagation de l’islamisme. L’idée est de permettre aux enfants d’avoir accès à ce qui est la langue liturgique du Coran.
C’est la quatrième langue la plus parlée au monde, la sixième officielle des Nations Unies, la cinquième en France, reconnue "langue de France" depuis 1999. Et pourtant, le nombre d’élèves est en chute constante. A peine 600 élèves au primaire, 14.000 au collège et au lycée. C’est 2 fois moins qu’il y a 10 ans alors que dans le même temps, le nombre d’élèves qui apprennent l’arabe dans les mosquées et les associations de quartier a été multiplié par 10.
"On sait qu'à l'école ils vont apprendre l'arabe sur la base de textes laïcs"
La raison ? En primaire, les enseignements de langue et culture d’origine, prodigués par des professeurs tunisiens, marocains ou algériens ont été mis au banc, critiqués pour leur pédagogie décalée et leur caractère communautaire. Dans le secondaire, ça n’est pas mieux. Le nombre de professeurs en activité a été divisé par 2 en 15 ans. En 2002, 20 postes étaient ouverts au CAPES. Ils n’étaient plus que 4 l’an dernier, 3 à l’agrégation. Seuls 9 lycées et 4 collèges parisiens proposent d’étudier l’arabe. Une quarantaine de départements n’ont carrément aucune section.
Incompréhensible pour Hakim El Karoui, auteur du rapport sur la Fabrique de l’Islamisme de l’institut Montaigne.
"On sait qu'à l'école ils vont apprendre l'arabe sur la base de textes laïcs, sur la base de l'histoire. Pas sur la base d'une certaine vision de la religion. Ils ne vont pas être transformés en obscurantistes ou en islamistes radicaux, mais vont apprendre avec les valeurs du pays d'origine, qui encore une fois sont respectables, mais ne sont pas les valeurs de la société française. Il faut qu'ils apprennent dans le contexte républicain."
Apprentissage dans les mosquées: "Ce n'est pas du tout en opposition à l'école républicaine"
Le seul problème, c’est qu’à l’école, c’est l’arabe littéraire qui est proposé. Qui n’a rien à voir avec la langue ou plutôt les multiples dialectes d’arabe parlés selon les pays ou régions du monde. Voilà pourquoi il ne faut pas stigmatiser les mosquées ou les associations qui offrent cette possibilité d’apprentissage selon Marwan Muhammad, ancien directeur du collectif contre l’islamophobie en France.
"Il y a des dizaines de milliers d'enfants et de jeunes adultes qui ont accès à des cours de langue arabe grâce à des associations musulmanes dans leur ville ou auprès de la mosquée et ça ne devient pas nécessairement des radicaux. Ce n'est pas du tout en opposition à l'école républicaine. Cet accès est cohérent qu'il soit disponible, il ne faut juste pas en faire un problème en soi."
Rappelons que le développement de langue arabe à l’école est une promesse ancienne. De Xavier Darcos à Najat Vallaud-Balkacem en passant par Luc Chatel ou Vincent Peillon, toutes les majorités l’ont promis, sans le faire vraiment.