Faut-il supprimer les allocations chômage dès le premier refus d’offre d’emploi? Ça fait débat sur RMC
Comme chaque matin, RMC se penche sur une de vos propositions de loi citoyennes. Ce mardi, les allocations chômage. Actuellement, la loi prévoit une radiation ponctuelle dès le deuxième incident.
Un décret sur l’assurance chômage est paru le 30 décembre dernier. Il alourdit certaines sanctions envers les chômeurs.
Désormais, un demandeur d’emploi qui ne se rend pas à une convocation de son conseiller est radié pendant 1 mois. Au deuxième manquement, c’est une radiation de 2 mois, au 3e, une radiation de 4 mois qui s’accompagne d’une suspension temporaire des allocations. Suspension des allocations valable aussi en cas de refus de deux offres d’emploi raisonnable, c’est-à-dire une offre d’emploi près de chez vous qui correspond à votre ancien poste et qui offre un salaire décent par rapport à la moyenne pratiquée dans la région.
"Il est important d'actionner des leviers d'incitation plus puissants"
L’idée de votre proposition sur RMC.fr, serait donc d’appliquer cette sanction, cette suspension des allocations, dès le premier refus. Erwann Tison est économiste, directeur de l’institut Sapiens:
"Je suis pour à la condition que l'offre d'emploi en question soit décente. Ensuite, pourquoi cette proposition? Parce que cela permet une plus forte incitation au niveau du demandeur d'emploi. Nous sommes dans une économie qui plafonne avec un taux de chômage de plus de 9% qui déséquilibre nos comptes sociaux. Pour la lutte contre le chômage on n'a pas encore tout essayé. Il est important d'actionner des leviers d'incitation qui soient beaucoup plus puissants que ce qu'on a aujourd'hui. Bien entendu, ce genre de proposition doit s'accompagner d'une réforme complète de notre système de formation professionnelle".
Chez nos voisins, les règles sont encore plus strictes. Au Royaume-Uni, vous pouvez perdre votre allocation si vous avez 10 minutes de retard au rendez-vous avec votre conseiller, si vous ne passez pas 35 heures par semaine à rechercher du travail ou bien si vous refusez une offre, même si elle ne correspond pas à votre profil. Même chose en Allemagne, où vous êtes en plus tenu d’être joignable par téléphone tout au long de la journée. Au Danemark, allocation supprimée si vous ne répondez pas favorablement à une offre d’emploi dans les 24 heures. En Suède, vous êtes obligé d’accepter l’offre même si l’emploi se trouve loin de chez vous.
"Ecoeurant de ne plus laisser le choix de leur vie aux personnes"
C’est tout le problème pour Marie, ancienne aide-soignante, qui cherche du travail dans le médico-social. Ce système va pousser les chômeurs à devoir accepter n’importe quelle offre: "Je suis contre. Ça m'est arrivé. Pôle Emploi m'a clairement précisé qu'il n'y avait pas de place à ce moment-là mais on m'a proposé une place de fleuriste que j'ai refusée. Je risque de me retrouver sans rien si je refuse une proposition comme celle-ci. Fleuriste c'est un beau métier mais ce n'est pas le mien. Je trouve écœurant de ne plus laisser le choix de leur vie aux personnes".
Selon une étude publiée par Pôle Emploi cet été, entre 8 et 12% des demandeurs d’emploi ne cherchent pas activement un travail.
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