Faut-il taxer les produits halal pour financer l'Islam en France?

Le Haut-commissaire au plan François Bayrou veut taxer le halal pour financer l'Islam de France. Mais le projet se heurte à quelques difficultés, notamment l'absence de label halal.
C'est une vieille proposition, qui revient fréquemment depuis une vingtaine d'années, dès qu'il est question de financemement du culte musulman : la mise en place d'une redevance sur les produits Halal. François Bayrou, invité jeudi de Jean-Jacques Bourdin, s'est déclaré une nouvelle fois favorable à cette mesure, qui n'est jamais entrée en vigueur: "Cette voie là pour financer est à explorer. C'est très difficile quand on n'a pas de ressources et c'est pourquoi plusieurs états étrangers s'immiscent si facilement parce qu'ils ont cette arme pour donner des moyens à certaines communautés. Qui paye, commande", a-t-il assuré sur RMC et BFMTV.
Imposer une redevance sur les produits halal, Wakil, qui en consomme régulièrement, n'est pas franchement convaincu: "C'est bien gentil de parler de taxe mais encore faut-il savoir à quoi va servir l'argent récolté par cette taxe et sous quelles modalité. C'est ce qui n'est pas très clair en l'état", estime-t-il au micro de RMC.
François Bayrou de son côté souhaiterait même que cette proposition soit inscrite dans le projet de loi de lutte contre les séparatismes et pour la laïcité porté par le gouvernement. Et l'objectif de cette contribution serait d'assurer une nouvelle source de financement au culte musulman en France. Qui viendrait s'ajouter aux dons des fidèles et au fonds de pays étrangers. Dont certains posent question.
"Il n'y pas de label halal"
"Quand ça vient de pays dont on dit que derrière ce financement ils en profitent pour imposer un certain nombre d'idéologies et d'idées concernant l'Islam. C'est le cas de l'Arabie Saoudite, dont on sait qu'elle est sous le coup d'une idéologie fondamentaliste ou comme le Qatar dont on sait qu'il finance beaucoup les Frères musulmans. Et ça pose beaucoup plus de problèmes", explique Bernard Godard spécialiste de l’Islam.
Mais cette idée se heurte à plusieurs difficultés. Pour prélever une redevance, encore faut-il définir clairement ce qu'est un produit halal. Or tous les courants de l'islam n'en ont pas la même interprétation. Deuxième obstacle, pointée du doigt par Nathalie Goulet, sénatrice UDI et rapporteur d'une mission d'information sur ce sujet : le manque d'organisation de transparence au sein de la filière halal: "Les musulmans ne se sont pas encore mis d'accord sur un label unique. Or il n'y pas de label halal. C'est moins contrôlé que le casher ou le bio. De la production à l'abattage, le transport de la viande et l'arrivée chez le boucher, il faut que toute la filière soit mise à plat.
Et pour la sénatrice, c'est à la communauté musulmane de se mettre d'accord sur cette norme halal et sur les modalités du prélèvement. Avec une assistance technique du ministère des Finances, propose t-elle, si jamais elle était nécessaire.
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