François Hollande sur RMC: ça fait du bruit à gauche!

Avalanche de réactions après le passage de François Hollande sur RMC et BFMTV hier matin. Le candidat socialiste pour 2012 a voulu reprendre sa campagne en main, notamment vis-à-vis de ses alliés. Et il a presque réussi à fâcher tout le monde, des écolos aux communistes.
On peut dire que François Hollande n'a pas épargné grand monde dans son camp, hier lundi sur BFMTV et RMC. « La gauche plurielle à la Jospin, c’est fini », voilà la teneur du message qu'il avait à faire passer. Œil pour œil, dent pour dent, il a répondu à Jean-Luc Mélenchon qui l’avait traité de « capitaine de pédalo ». Pour ce faire, il a donné ce qu’on appelle le coup de pied de l’âne en tendant la main - on peut même dire une perche - à François Bayrou. Il a déclaré que le candidat du Modem « sera dans la majorité présidentielle qui se sera constituée autour du vainqueur du second tour s’il a appelé à voter pour le bon candidat, sous-entendu celui que je pourrais représenter ».
Un appel du pied embarrassant pour Bayrou
Comme en politique, rien n’est jamais innocent, le message a été reçu 5 sur 5 à la gauche d’Hollande. Le Front de gauche est aussitôt tombé dans le panneau par la voix d’Eric Coquerel, conseiller spécial de Mélenchon : « Il doit dire clairement s’il veut discuter avec le Modem ou le Front de gauche. Tribord et bâbord en même temps, cela ne donne pas un cap mais l’échouage assuré ».
Même réaction au Modem. A une semaine de la déclaration de candidature de François Bayrou, cet appel du pied embarrasse le candidat centriste car il se retrouve enfermé dans le choix de l’entre-deux tours, avant même d’avoir participé au premier ! Demain mercredi, il est l’invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, et je parie qu’il sera bien embêté de répondre à l’appel du pied de Hollande.
Prise de distance avec les Verts.
« Le patron c’est moi » a-t-il voulu dire aux Verts qui depuis quinze jours empoisonnent la campagne de François Hollande avec un « pacte » qui recèle un nombre incalculable de bombes à retardement : du Mox à l’éligibilité des étrangers, en passant par l’abandon du droit de vote à l’ONU. Sur RMC hier, il a carrément pris ses distances avec l’accord politique signé avec les Verts : « J’appliquerai les mesures qui me paraissent les plus essentielles. Il y a des divergences qui demeurent. Je ne suis pas le candidat d’un parti, je suis le candidat devant les français pour qu’il y ait un rassemblement ».
Il a par exemple précisé qu’il ne proposerait pas, en tant que président de la République, de renoncer au droit de veto de la France au conseil de sécurité de l’ONU.
Là encore la réaction des Verts n’a pas manqué avec Jean-Vincent Placé le porte-parole d'EELV : « Il pense que seul sa parole compte. Il a intérêt à rectifier le tir pour écouter d’avantage d’une part son propre parti, et d’autre part ses alliés. Ce n’est pas parce qu’on a la confiance des français un jour tous les cinq ans qu’on a raison sur tout ».
Une faiblesse structurelle: vouloir rassembler
Il a réussi à se mettre tout le monde à dos, mais la gauche de la gauche, les Verts et le Modem sont tombés dans le piège d’Hollande car le candidat socialiste a besoin d’eux et de leur colère pour apparaître comme le chef de l’opposition aux yeux des Français. L’ambiguïté de l’accord avec les Verts et le silence de François Hollande commençaient sérieusement à relayer les doutes sur son autorité. L’exercice d’hier consistait à se refaire une posture, quitte à se fâcher avec ses alliés potentiels. François Hollande a-t-il vraiment repris les commandes de sa campagne ? C’est évidemment trop tôt pour le dire. Sa faiblesse structurelle, son ADN, c’est de vouloir toujours rassembler. D’où l’impression souvent d’être faible et sous influence. Hier, il a montré qu’il était conscient de cette faiblesse. D’ailleurs autour de lui, on l’a remarqué hier, c’est le poids grandissant de Manuel Valls, qui s’impose de plus en plus comme son directeur de campagne, au détriment de Pierre Moscovici, plus intello qu’opérationnel. Un Manuel Valls au petit soin pour le candidat socialiste et déterminé à rappeler à tout instant à François Hollande que la campagne doit se faire au centre et à l’attention des classes moyennes. Un pari risqué.
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