François Hollande tente de reconquérir ses électrices
Pendant que la loi Travail sème la zizanie au sein du PS, et que Manuel Valls et Emmanuel Macron se crêpent le chignon, François Hollande, lui, tente de gagner des points auprès de la gent féminine.
La majorité socialiste semble sur le point d'imploser en raison de la loi travail. Manuel Valls et Emmanuel Macron s'écharpent dans la coulisse. Et pendant ce temps, dans le journal Elle, la président de la république affiche et affirme son... féminisme...
Non pas seulement son féminisme, mais aussi ses convictions de gauche puisqu'il dit et je le cite: "JE SUIS FÉMINISTE ET TOUJOURS SOCIALISTE". Ce n'est évidemment pas innocent au moment précis où une grande partie de la gauche accuse Hollande de trahison. Féministe et socialiste: c'est le Hollande inattendu, pour le moins surprenant de cette fin de semaine. Mais par ailleurs, cette interview mérite d'être prise très au sérieux. D'abord pour une raison politique et électorale: en 2012, quand il a été élu, François Hollande a été plébiscité par un électorat majoritairement féminin: 57% de ses électeurs étaient des électrices. La totalité des sondages montrent qu'il a perdu 18% auprès de ces électrices là. Si le chef d'Etat décide de se représenter, s'il accepte l'idée d'en passer par une primaire, s'il entend atteindre le second tour de la présidentielle, alors il n'a pas le choix: il lui est impératif de reconquérir des millions d'électrices. C'est cette opération reconquête qu'il vient de déclencher. Mais il faut aussi reconnaître que dans cet entretien, le président prend un certain nombre de positions importantes, courageuses, dans le droit fil de la loi autorisant le mariage pour tous. Et cela va à coup sur provoquer des débats, des clivages, des affrontements dans la société française. Et Hollande semble prêt à les assumer...
Vous évoquez notamment ce qu'il dit à propos de la famille et du harcèlement que subissent des millions de femmes...
Voilà en effet les deux éléments essentiels de cette entretien. Le ministère de la famille va d'ailleurs être rebaptisé ministère des familles, familles au pluriel, de toutes les formes de famille, la famille recomposée, la famille monoparentale, et surtout- disons clairement- la famille de même sexe. Ce changement de nom, c'est à l'évidence un acte symbolique important. Et le président de préciser- je le cite à nouveau-:"CE QUI EST RÉACTIONNAIRE, C'EST DE CONSIDÉRER QU'IL N'Y AURAIT QU'UN SEUL ET UNIQUE MODÈLE FAMILIAL". La preuve par François Hollande lui même puisqu'il s'était toujours refusé à épouser la mère de ses trois enfants, Ségolène Royal. Second élément clef, ce que dit le chef de l'état des violences sexuelles que les femmes ont subi à Cologne le soir de la Saint Sylvestre et, plus généralement encore, cet harcèlement que des millions d'entre elles, dans les pays démocratiques, en France, subissent au quotidien, dans les transports en commun, au travail et ailleurs. Les mots sont clairs, précis, réconfortants: "INSUPPORTABLE- INDIGNE- SCANDALEUSEMENT BANALISÉ". Et d'en appeler à une stricte application de la loi. Parce que "C'EST LA PLACE DES FEMMES DANS NOTRE SOCIÉTÉ QUI EST EN JEU", affirme Hollande et il a raison. "C'EST LEURS DROITS LES PLUS FONDAMENTAUX QUI SONT EN JEU", ajoute-t-il et il dit vrai. Nous reprochons tant sa mollesse à Francois Hollande qu'il fait pour le coup remarquer sa vigueur. a
Mais il ne nous dit rien de sa vie privée. Pas un mot sur Valerie Trierweiller. Pas une allusion à Julie Gayet...
En effet, à plusieurs reprises, le président de la république évoque Ségolène Royal en tant que mère de ses enfants. Sur ses autres compagnes, pas une mot, pas une allusion: François Hollande s'en tient à la règle édictée après la répudiation de Valérie Trierweiller: rien, pas un mot sur sa vie privée, c'est d'ailleurs une excellente règle en république. D'ici quelques mois, dans les urnes, nous saurons peut être si les Françaises se sont réconciliées avec celui qui était "leur" président... Lui pardonneront-elles un comportement vis à vis de Valérie Trierweiller qu'elles ont pu considérer comme brutal ou cavalier?
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