Genre

Pourquoi la question de genre divise-t-elle autant ?
Brigitte Lahaie : Pourquoi la question de genre divise-t-elle autant ? Dès qu’on parle du genre on a des réactions « tous azimuts ».
Philippe Arlin : Deux choses. Déjà dans la plupart du temps on ne comprend pas pourquoi on en parle et le problème c’est que les études de genre ont été pendant très longtemps revendiquées par des militants de la cause féministe ou homosexuelle ce qui a créé une confusion sur le contenu de ces études. Le contenu de ces études n’est pas militant, il ne s’agit pas de militer pour qu’il n’y ait plus de sexe ou qu’il n’y ait plus que des homosexuels comme certains pourraient le penser et le croire, ce qui amène d’ailleurs la confusion. Le principe des études de genre est de réfléchir sur la différence entre le sexe biologique, ce qui fait qu’on est homme ou femme de par notre biologie, et la réalité de notre sexe social. C’est-à-dire aujourd’hui quand on dit qu’un tel est un homme, on fait souvent bien plus référence à des critères philosophiques, culturels, comportementaux qu’à la réalité de la main qu’on a mis dans son slip. C’est juste faire la différence entre la biologie et le social, et montrer qu’être un homme c’est se comporter selon des critères prédéfinis par une société et ces critères peuvent variés d’une société à une autre, être un homme en France ce n’est pas être un homme en Inde, et être une femme ce n’est pas la même chose d’un pays à l’autre. Et c’est d’ailleurs absolument pas la même chose d’être une femme en 2015 que ça voulait dire être une femme en 1920, 1930, voire même 1970. C’est-à-dire que le travail sur le genre, c’est une réflexion qui permet de mieux comprendre l’identité sociale, culturelle, l’identité donc de genre indépendamment de l’identité biologique et d’éviter cette confusion que l’on fait, ou, sous prétexte que notre biologie est telle on nous colle derrière tous les présupposés de « comment un homme doit se comporter ». Alors dans la majorité des cas ça fonctionne bien, pour beaucoup ça va créer des problèmes, et donc réfléchir sur le genre c’est réfléchir sur la liberté de l’individu.
Qu'appelle-t-on théorie du genre? Que se passe-t-il dans les établissements scolaires au niveau de l'enseignement de cette notion?
Brigitte Lahaie : Qu’est-ce que l’on enseigne dans les établissements scolaires au niveau de cette question du genre, Philippe Arlin ?
Philippe Arlin : Il y a eu les ABC de l’égalité qui ont fait profondément scandale alors qu’il n’y avait rien dedans. Ils expliquaient juste qu’il ne fallait pas s’inquiéter de voir un garçon porter une robe, parce que justement on éduquait en expliquant que dans l’histoire, il y a eu des robes, des hauts talons, etc. Ça se voulait éducatif, mais c’est arrivé à un mauvais moment historique en France. On était après le mariage pour tous et il y a eu une levée de boucliers de la part des parents, avec carrément la journée du retrait. Une journée où ils enlevaient leurs enfants de l’école, pour qu’on ne leur enseigne pas l’ABC de l’égalité. Cette ABC ayant pour but d’aider quand même les enfants à comprendre qu’il fallait une égalité entre les hommes et les femmes, et que les différences reposaient souvent plus sur des idées préconçues, qui n’avaient rien à voir avec ce que la biologie nous accordait. C’est tout. On ne fera pas de débat.