Guerre taxis - VTC: quand Uber baisse ses tarifs, les chauffeurs trinquent

Quelques semaines après les taxis parisiens, qui pratiquent désormais des rabais pour les jeunes les soirs de week-ends, Uber a décidé de baisser de 20% le prix de ses courses en VTC à partir de ce vendredi. Les jeunes en profitent, mais les chauffeurs, eux, s'inquiètent.
La guerre fait rage entre taxis et VTC, et chaque camp est prêt à beaucoup de sacrifices. Dès ce vendredi 9 octobre, la plateforme de VTC Uber baisse de 20% les tarifs sur toutes ses courses à Paris entre 20h et 06h, pendant six mois. Sa cible : les jeunes et les trajets de nuit. Une offre qui se veut une riposte aux taxis parisiens. Il y a quelques semaines, les compagnies avaient dévoilé des offres commerciales coup de poing pour les courses de nuit du week-end à destination des jeunes. Des ristournes de 20% réservées aux 15-25 ans sur les courses de nuit pour la compagnie G7 et un forfait de 10 euros la course de nuit le week-end pour les Taxis bleus. D'autant plus qu'il faut désormais composer avec l'application Heetch, sorte de UberPop réservé aux trajets de nuit qui rencontre un franc succès auprès des jeunes.
"Moins on paye cher, plus on est contents"
Les jeunes, une cible essentielle, car déjà friande de VTC, comme a pu le constater RMC, qui a rencontré notamment Enji. Cet étudiant de 19 ans l'assure: à l'université de droit Assas, à Paris, tous ne jurent que par Uber. "C'est plus plaisant de prendre un Uber qu'un taxi qui va te mépriser quand t'es bourré et te faire payer un tarif minimum". A 18 ans, c'est simple, Camille ne connait elle aussi que les VTC. "C'est sur, je n'utiliserais jamais de taxis. Je suis un peu accro à Uber. Je dois l'utiliser tous les samedis aller-retour et pour des petits trajets en semaine. Par mois, je dois dépenser une petite centaine d'euros". La guerre des prix, ça arrange bien notre étudiante en droit. "Bah, forcément, moins on paye cher plus on est contents".
"J'ai envie de tout lâcher"
Et les chauffeurs dans tout ça ? Uber a garanti à ses chauffeurs le maintien de leur chiffre d'affaires pendant six semaines malgré la baisse des tarifs. Mais après ? Le message n'est-il pas contre-productif ? Willy vient de passer son diplôme de chauffeur VTC, mais hésite finalement à se lancer. "J'ai dépensé presque 3.000 euros pour passer la formation de VTC. J'ai tout ce qu'il faut pour aller en préfecture, mais je suis un peu en attente. J'attends le début de l'année, et si Uber continue de baisser les tarifs je ne vais pas acheter de véhicules si je ne suis pas sûr de pouvoir rembourser mes frais. J'ai peur que ce ne soit plus intéressant".
Pour les chauffeurs de taxi, c'est une nouvelle éraflure sur leur carrosserie déjà bien abîmée. Avec 3.000 de crédits à rembourser pour sa licence et sa voiture, Olympe, taxi la nuit, est à deux doigts de tout plaquer. "J'ai envie de tout lâcher et de repartir à zéro pour faire autre chose. Il n'y a plus d'avenir dans le métier de taxi". Si l'utilisateur profite de la baisse des prix, les chauffeurs, eux, sont bien les principales victimes de la guerre des VTC et des taxis.