Harcèlement dans les transports: "J'ai senti l'érection d'un homme qui regardait dans mon décolleté"

Le constat dressé par le Haut conseil à l'égalité est édifiant: 100% des femmes qui prennent le bus, le métro, le tramway ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agression sexuelle. Ce jeudi, sur RMC, des femmes témoignent.
A l'occasion de la semaine internationale contre le harcèlement de rue, le Haut conseil à l'égalité remet ce jeudi un rapport au gouvernement sur les agressions dans les transports en commun. Avec ce constat édifiant: 100% des femmes qui prennent le bus, le métro, le tramway ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agression sexuelle. Des agressions qui ont lieu la plupart du temps en plein jour, entre 8h et 20h.
Sifflement, insulte, attouchement... Chaque femme a une anecdote à raconter comme a pu le constater RMC. Pour Olga, ça s'est passé au petit matin sur la ligne 4 du métro parisien. Un trajet qu'elle n'est pas prête d'oublier: "J'étais assise, je sentais quelqu'un derrière moi. Contre mon bras, je sentais l'érection d'un homme qui regardait dans mon décolleté. J'étais un peu tétanisée. Le temps que je comprenne, c'était vraiment un choc… J'ai juste donné un petit coup de bras et il est parti discrètement".
"Ce sont des regards, des insultes, des sifflements…"
Elle ajoute: "Je me suis sentie sale tout la journée ce qui est horrible car c'est lui qui a commis quelque chose de dégoûtant. Je me suis surtout sentie impuissante: qu'est-ce que je peux faire?" Aujourd'hui, Olga est encore plus méfiante. Quand il y a danger, elle change de wagon: "Ça m'arrive une à deux fois par semaine. Mais j'aimerais bien pouvoir aller d'un point A à un point B sans être interrompue par des remarques sexistes que je n'ai pas demandées".
Les cibles sont, la plupart du temps, des jeunes femmes. En effet, dans 50% des cas, la première agression intervient avant 18 ans. C'est le cas de Shirley, tout juste majeure, qui reste traumatisée par un trajet en RER: "J'étais dans un train et un jeune a presque sorti son sexe de son pantalon. J'ai changé de place parce que ça fait peur quand même". Pour cette jeune femme, ce harcèlement est presque quotidien: "Ce sont des regards de haut en bas, des demandes de numéro, d'adresse. Ce sont aussi des sifflements, des insultes, cela peut même en venir aux mains". Face à ces situations, Shirley dit "se sentir gênée, complexée" à "ne presque plus pouvoir sortir".
Bientôt des rames réservées aux femmes?
Alors pour protéger les femmes faut-il aller jusqu'à leur réserver des wagons comme l'envisage le Haut conseil à l'égalité? "Non, il ne faut pas arriver à cette extrémité. Déjà parce qu'il y a aussi des hommes qui se font harceler mais surtout parce qu'il ne faut pas se restreindre à occuper un petit espace. Il faut travailler à éduquer notre génération, comme la suivante, pour que les gens puissent rentrer chez eux tranquillement en transports sans être agressés", répond, dans Bourdin Direct, Mathilde, membre de l'association "Stop harcèlement de rue".
A noter que parmi les propositions du Haut conseil à l'égalité, il est aussi envisagé l'expérimentation du programme "arrêt à la demande". En clair, permettre aux femmes, la nuit, de descendre entre deux arrêts de bus pour qu'elles aient moins de trajet à pied jusqu'à leur domicile.
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