"Hijab day" à Sciences-Po Paris: "C'est pour tourner en ridicule le débat sur le voile"

Des étudiants de Sciences-Po Paris organisent ce mercredi un "hijab day" pour "démystifier le voile" et faire comprendre "la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France". Selon Fatima El-Ouasdi, étudiante de quatrième année, cette journée a pour but de montrer que le débat autour du voile à l'université n'a pas lieu d'être.
"Démystifier le voile". Des étudiants de Sciences-Po Paris organisent ce mercredi "une journée de sensibilisation sur la question du foulard en France", baptisée "Hijab day". Des foulards et des pashminas seront distribués à l'entrée de Sciences Po, que pourront revêtir les étudiantes et étudiants qui le souhaitent. Sur la page Facebook de l'événement, relayé par l'association étudiante de réflexion sur l'islam Salaam Sciences Po, les organisateurs expliquent ainsi leur démarche par la volonté de sensibiliser au port du voile, de "démystifier le tissu" et de faire comprendre "la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France".
Le débat autour du port du voile à l'université a été relancé ces dernières semaines par les déclarations du Premier ministre Manuel Valls, souhaitant son interdiction à l'université (où il est autorisé par la loi), et de la ministre des Droits des Femmes, Laurence Rossignol, qui s'est dite sur RMC scandalisée que des grandes marques de vêtements se lancent sur le marché de la mode islamique.
"Il m'est inconcevable d'empêcher les autres de le porter"
"Après les déclarations de Manuel Valls et Laurence Rossignol, l'idée était d'aborder la question du voile avec humour", défend ce mercredi chez Jean-Jacques Bourdin Fatima El-Ouasdi, étudiante en en quatrième année à Sciences-Po Paris. "L'idée au départ était de faire un stand photo avec des étudiants voilés ou perruqués pour tourner la chose au ridicule et démystifier le voile".
#HijabDay à Sciences Po: "Personne ne sera forcé à porter le voile, c'est du volontariat" @FatiElo #BourdinDirect pic.twitter.com/CPAGO3bxaA
— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC) 20 avril 2016
La jeune femme de 21 ans est présidente de l’association Politiqu’elles, une association d’étudiants de Sciences-Po Paris qui œuvre pour la promotion des femmes en politique. Si ce n'est pas son association qui est à l'origine de ce "hijab day", elle en défend le concept. Pour elle, il n'y a pas à interdire le voile à l'université puisqu'il ne fait pas débat au sein même des universités ou grandes écoles.
"Les étudiantes que je côtoie à sciences-Po le porte de façon colorée, pas du tout de façon identitaire. Elles ne font pas de prosélytisme et ne portent pas de jugement sur celles qui n'en portent pas", assure-t-elle.
Toutefois, Fatima El-Ouasdi déclare qu'elle ne portera pas de voile ou de foulard. "Ma mère m'a toujours dit : 'je suis en France, je ne mets pas le voile'. J'ai grandi avec ça, donc il est inconcevable pour moi de le porter. Mais il est aussi inconcevable pour moi d'empêcher les autres de le porter".
#HijabDay à Sciences Po est une provocation et une invitation à normaliser le port du #voile chez les jeunes. Refusons cette régression!
— Lydia Guirous (@LydiaGuirous) 19 avril 2016
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