Homosexuel

Homosexuel, comment faire mon coming out ?
Brigitte Lahaie : Et tout de suite Philippe Arlin j’ouvre la boîte à questions, je suis homosexuel je n’ai pas encore fait mon coming out, comment l’annoncer à ma famille et à mes proches ?
Philippe Arlin : Alors déjà il y a une question qui manque, c’est quel âge a la personne.
B.L : Je ne sais pas.
P.A : Ah ! Bonne énigme. Il n’y a malheureusement pas de bonne manière, souvent je conseillerais moi de vivre la première histoire d’amour, c’est toujours plus facile de présenter une histoire d’amour que de présenter une orientation sexuelle c’est souvent beaucoup mieux reçu de dire : voilà je suis amoureux d’un homme, voilà ce qui se passe. On n’est pas obligé de dire je suis homosexuel et du coup j’ai rencontré un homme. Non je suis tombé amoureux d’un homme après petit à petit les choses peuvent être dites et venir après s’il n’y a pas de rencontre et que c’est si important que ça de le dire, parce que là aussi, pourquoi faire son coming out ? Est-ce que c’est indispensable de le dire ? Je ne suis pas sûr. Je pense qu’on peut le vivre sans avoir besoin de le dire.
B.L : Moi j’ai tendance à dire que c’est bien de ne pas le dire devant toute la famille, de peut-être dire d’abord avec quelqu’un par exemple une sœur ou….
P.A : J’en arriverais là, c’est que dans tous les cas il faut le dire, personne par personne prendre le temps d’aller diner, déjeuner, discuter parce que chacun va l’entendre différemment et il ne s’agit pas d’une annonce publique et d’une annonce ou on réunit toute la famille autour de la table pour dire, voilà. Ca semble peut être plus facile mais c’est quelque part trop violent parce que du coup on ne laisse pas à chacun la liberté de réagir pleinement comme il pourrait dans un duel donc voilà les trois points.
B.L : Voilà, et peut-être qu’il faut ajouter aussi qu’il faut commencer à en parler quand soi-même on le vit bien, si on est soi-même très mal à l’aise avec ça.
P.A : Il ne faut pas attendre du coming out que ça nous aide à vivre mieux.
B.L : Exactement parce que forcément on va l’annoncer d’une manière qui ne va pas être la bonne, alors que si on vit les choses bien et il n’y a pas de raison qu’ont vivent les choses pas bien mais encore une fois ce n’est pas si simple que ça je le sais et bien à ce moment-là…
P.A:On connaît le taux de suicide chez les jeunes pour raison d’homosexualité et c’est bien de le rappeler ça prouve bien que c’est tout sauf facile de le vivre aujourd’hui.
B.L : Exactement.
Naît-on homosexuel ou le devient-on? Comment être sûr de sa sexualité?
Brigitte Lahaie : Et puis tout de suite on ouvre la boite à questions Philippe Arlin « comment devient-on homosexuel, est ce qu’on naît homosexuel ?
Philippe Arlin : On vient déjà d’entendre des témoignages qui permettent de peut-être mieux connaitre la question. C’est pas si simple, ce n’est pas noir et blanc, ce n’est pas est ce qu’on nait homosexuel ou est ce qu’on nait hétérosexuel. La sexualité est de toutes façons quelque chose qui va se construire toute notre vie. Après il est des attirances que l’on sait très jeune et on l’a entendu à travers certaines auditrices aujourd’hui, qui savaient dès le début leur attirance pour les femmes. Il n’y a pas forcement de raisons que cette attirance change. Mais on voit aussi qu’au hasard de la vie, des rencontres et des histoires d’amour d’autres peuvent aussi connaitre un renversements. Il y a des choses qui sont là depuis l’enfance. Il y a des acquis, mais ces acquis ne suffisent pas à tout déterminer. Je pense que c’est la rencontre entre deux choses, entre des acquis et la vie qui va créer une détermination. Donc il y a une part acquise qui est surement très forte parce que je pense qu’on ne peut pas inventer l’attirance pour une personne de même sexe. Et puis il y a une part après qui est construite dans le fait de l’accepter, de ne pas l’accepter et le hasard des rencontres au fur et à mesure de la vie.
B.L : De toutes façons on sait à quel point la sexualité humaine est complexe, et je crois qu’on n’a pour l’instant de toutes façons aucune étude réellement sérieuses qui laissent expliquer quels sont les paramètres qui vont définir l’homo et l’hétéro.
P.A : On sait que ça n’est pas lié à la biologie pure. Il ne suffit pas d’être femme pour être attirée par les hommes.
B.L : Il faut être libre d’avoir la sexualité qu’on a envie ou besoin d’avoir parce que parfois c’est même un besoin. Et puis être suffisamment tolérant pour laisser chacun vivre la sexualité qu’il a envie de vivre.
P.A : Et surtout en aucun cas en faire une norme quelle que soit la sexualité choisie.
Comment réagir lorsqu'une personne du même sexe vous drague alors que vous êtes hétéro?
Brigitte Lahaie : La question du jour François Parpaix : Comment réagir lorsqu’une personne du même sexe nous drague alors que l’on est absolument hétéro ? L’humour ?
François Parpaix : Oui, oui. Brigitte vous m’avez retiré la réponse de la bouche, je crois que c’est vraiment ça. Qu’est-ce qu’on ferait, d’ailleurs, devant quelqu’un qui serait du sexe opposé ou du même sexe, c’est-à-dire avec beaucoup de respect parce que je trouve que c’est quand même une marque d’attention qu’on ait plu à quelqu’un, que ce soit quelqu’un du même sexe ou pas. Ce n’est pas désagréable. Maintenant si l’on est bien posé dans son hétérosexualité : « désolé, merci, c’est très flatteur mais ça s’arrête là ».
B. L : « Mais je m’en souviendrai si un jour j’ai envie d’essayer »
F. P : Après chacun fait sa route …
B. L : Non, je plaisante, ce n’est pas forcément la bonne réponse à donner parce que c’est laisser de l’espoir.
F. P : C’est laisser de l’espoir, c’est jouer avec soi-même, ce qui montrerait qu’on est beaucoup moins posé qu’on le croit, ou vouloir se positionner dans un courant où il faut être un peu tout ce qu’on veut. Je pense que personnellement, je me positionnerais très clairement en disant : « Ecoute, on reste copain, collaborateur mais ça s’arrête là ». On dédramatise. Ne pas blesser parce que c’est quelqu’un de bien en face qu’on a et qui a osé.
B. L : Exactement. Donc simplement dire les choses, s’affirmer dans sa différence mais évidemment ne pas avoir une réponse trop brutale.
F. P : Cette question elle a un intérêt, c’est qu’il y a des gens qui sont mal positionnés dans leur hétérosexualité disons. Ne serait-ce parce qu’ils se trouvent moches, pas assez ceci, pas assez cela. Et de temps en temps ils se disent : « Peut-être que je devrais être de l’autre côté ». Et ça ce n’est pas une bonne façon d’aller vers l’autre côté pour l’explorer et le découvrir.
Quel impact sur l'enfant d'être élevé par un couple de parents homosexuels ?
Brigitte Lahaie : C’est une question à laquelle vous allez sans doute pouvoir répondre en tant que pédopsychiatre. Quel impact psychique et psychologique cela peut avoir sur un enfant d’être élevé par un couple de parents homosexuels ?
Stéphane Clerget : Pour en avoir reçus, et puis surtout pour avoir lu les études sur le sujet, c’est vrai qu’il commence à y avoir maintenant un certain nombre d’études. Certaines sont plus sérieuses que d’autres car il y a des études, comme on dit, un peu militantes. Mais globalement il apparait effectivement qu’il n’y a pas de différences importantes si on est élevé par un couple homo ou hétéro. Tout ça c’est statistique, il faut voir au cas par cas. Ce qu’il manque en revanche, c’est peut-être des études sur des situations plus singulières, parce qu’on peut être enfant d’homo, c’est-à-dire nos parents divorcent et le père ou la mère se met en couple avec une personne du même sexe, ça peut …
B L : Oui mais ce n’est pas la même chose qu’un couple qui aurait adopté un enfant.
S C : Voilà, ou deux femmes avec insémination et donneur inconnu. A chaque fois ça peut poser des questions, notamment quand le donneur est inconnu, que ce soit une mère porteuse. Ça peut poser des questions pour l’enfant qui s’interroge sur ses origines. Mais en dehors de ça, à partir du moment où l’enfant est informé de comment il est né, de qui il est né biologiquement et qu’il soit informé que pour avoir un enfant il faut un homme et une femme, il peut tout à fait grandir harmonieusement avec deux hommes ou deux femmes.
B L : Oui parce que, ce qu’il faut toujours rappeler, c’est que l’enfant de toute façon ne vit pas en vase clos avec juste deux hommes ou juste deux femmes. Il est entouré de famille.
S C : De famille de chacun d’eux. Je ne vais pas faire d’angélisme, mais dans la réalité les choses se passent plutôt bien pour eux. Je vous le dis encore une fois, quand on ne connait pas par exemple son père, évidemment on est contrarié par ça.