Horaires de travail tirés au sort à La Redoute? "Je ne verrais plus mon fils"

REPORTAGE - A La Redoute, la direction veut faire travailler les salariés jusqu'à 21h20, contre 20h jusqu'à présent. Problème: il n'y a pas assez de salariés volontaires pour travailler jusqu'à cette heure "tardive" pour certains. Alors pour remplir les effectifs en soirée, il pourrait y avoir un tirage au sort. Une éventualité qui fait grincer des dents…
A la Redoute, la direction et les syndicats sont en négociations sur la réorganisation du temps de travail. Plus précisément, pour une meilleure organisation et afin de mieux répondre aux besoins des consommateurs, la direction de l'enseigne spécialisée dans la vente à distance veut faire travailler les salariés jusqu'à 21h20, contre 20h jusqu'à présent. Problème: il n'y a pas assez de salariés volontaires pour travailler jusqu'à cette heure "tardive" pour certains. Alors pour remplir les effectifs en soirée, la direction envisage… un tirage au sort.
"C'est dégueulasse !"
Si pour le moment aucune décision n'a encore été actée, au centre logistique La Redoute de Wattrelos (Nord), ce projet est fortement critiqué par les salariés. "Ils parlent de tirage au sort et d'une prime pour appâter les gens. C'est dégueulasse ! En fait, ils nous demandent de choisir entre notre vie de famille ou notre vie sociale", s'emporte Laetitia, employée à l'empaquetage et maman d'un petit garçon de trois ans.
"Ça pose problème car pour ma part je ne verrais plus mon fils. Je le verrais le matin une heure avant d'aller à l'école et je ne le verrais plus de la semaine…", poursuit-elle, dépitée. Pour Ali, salarié depuis 30 ans, c'est la méthode employée qui choque: "C'est la première fois que j'entends ça. On est des numéros pour eux ! Ce n'est plus du management. C'est la direction qui n'en fait qu'à sa tête".
"Une fausse excuse"
La Redoute est face à un défi de taille: après l'abandon des catalogues papier, elle mène depuis la stratégie du tout internet, un secteur ultra-concurrentiel. Mais ce changement de stratégie ne doit pas se faire à tout prix, estime Fabrice Peeters, délégué CGT. "La Redoute voudrait livrer demain des colis en 24h. C'est très bien mais on l'a déjà fait par le passé".
"La direction a en effet abandonné le '24 heures chrono' pour des raisons économiques, précise-t-il. Ils ont licencié tellement de personnes qu'il n'y avait plus les ressources humaines nécessaires pour effectuer le travail en temps et en heures. Et maintenant, on nous pond à nouveau du 24h, c'est une fausse excuse". La direction assure que rien n’est décidé et que les discussions se poursuivent avec les syndicats.