Incidents lors d'une manifestation en hommage à Adama Traoré à Paris: "La violence n'a pas sa place en démocratie" dénonce Castaner

Environ 20.000 personnes ont participé mardi soir devant le tribunal de Paris à un rassemblement interdit, émaillé d'incidents, à l'appel du comité de soutien à la famille d'Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans mort en 2016 après son interpellation.
Barricades et mobilier urbain en feu, jets de projectiles contre grenades lacrymogènes... Des incidents ont éclaté mardi soir à Paris en marge d'une manifestation interdite de 20.000 personnes dénonçant les violences policières, organisée à l'initiative des proches d'Adama Traoré, le jour où était dévoilé une expertise mettant en cause les gendarmes dans la mort de ce jeune homme noir lors de son arrestation en 2016.
Les tensions ont débuté vers 21h avec des jets de projectiles, des tirs de gaz lacrymogène, puis des incendies sous le boulevard périphérique. Des dizaines de manifestants ont brûlé des barrières de chantiers, puis ont investit le périphérique: la circulation a été coupée, le temps de laisser la police et les pompiers d'intervenir.
La manifestation était interdite: la décision avait été prise en début d'après-midi par la Préfecture de police de Paris. Raisons avancées: en raison de l'état d'urgence sanitaire, tous les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits et la tonalité de l'appel à manifester laisse craindre des débordements.
Pour Assa Traoré, la soeur de la victime, le préfet de police de Paris, Didier Lallement est responsable de ces tensions: "Ca fait quatre ans que nous faisons des rassemblements, quatre ans que les rassemblements se passent pacifiquement. Le seul responsable, c'est monsieur Lallement, qui a décidé de cette interdiction, et qui va mettre en face de centaines de personnes des policiers" accuse-t-elle.
Face à la jeune femme, porte-parole du Collectif Adama, des manifestants, jeunes et de toutes origines, scandaient "Révolte" ou "Tout le monde déteste la police". Dans la foule étaient brandies des pancartes affichant "Black Lives Matter" ("la vie des noirs compte"), "Silence = asphyxie" ou encore "Décolonisons la police". La préfecture de police a chiffré la foule à 20.000 personnes.
Cette manifestation avait lieu dans le contexte des manifestations organisées aux Etats-Unis et dans d'autres pays, après la mort de George Floyd, un Américain noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis la semaine passée. "Le dispositif n'a pas été anticipé, l'interdiction de la manifestation a été prise trop tard" enrage Geoffroy Boulard, le maire Les Républicains du 17ème arrondissement de Paris, pour qui le gouvernement devra s'expliquer.
"Rien ne justifie les débordements", répond de son côté Christophe Castaner, le ministre de l'intérieur, dans un tweet. "Rien ne justifie les débordements survenus ce soir à Paris, alors que les rassemblements de voie publique sont interdits pour protéger la santé de tous".
D'autres manifestations ont eu lieu ailleurs en France contre les violences policières, rassemblant 2.500 personnes à Lille, 1.800 à Marseille, 1.200 à Lyon ou 400 à Lyon.
La violence n’a pas sa place en démocratie.
— Christophe Castaner (@CCastaner) June 2, 2020
Rien ne justifie les débordements survenus ce soir à Paris, alors que les rassemblements de voie publique sont interdits pour protéger la santé de tous.
Je félicite les forces de sécurité & secours pour leur maîtrise et leur sang-froid.
Votre opinion