Internet : pourquoi l’UMP a été piratée

Plusieurs responsables politiques de l’UMP sont harcelés depuis plusieurs jours par des centaines d’appels téléphoniques ou des mails d’insultes. Explications : leurs numéros de portables ont été piratés et divulgués sur internet. A tel point que depuis 24 heures, plusieurs ont dû changer de numéro de téléphone, comme par exemple Jean-François Copé.
Depuis samedi dernier exactement, plusieurs centaines de députés, sénateurs, députés européens, membres de cabinets, chargés d'études, collaborateurs de ministre, au total près de 1 000 personnes sont concernées par la divulgation de leurs données personnelles sur le réseau Internet, sur des forums de discussion.
D’où viennent les fuites ?
Ces informations sont particulièrement précises : numéros de téléphone fixe et portable ; numéros de téléphone prioritaires ; nom, adresse et numéros de téléphone de leurs suppléants ; nombre d'enfants ; année de naissance du cadet et de l'aîné ; adresses personnelles et professionnelles...
On ne sait pas encore où les pirates ont trouvé ces données extrêmement confidentielles. On a cru au départ au piratage des fichiers de l’UMP. Mais l’UMP a expliqué qu’elle ne disposait pas dans ces fichiers de l’ensemble de ces informations.
On a ensuite pensé aux fichiers de l’Assemblée Nationale, du groupe UMP de l’assemblée. Mais hier soir, le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a écarté "formellement" que les renseignements personnels sur des députés de l'UMP piratés "puissent provenir de bases de données" du Palais-Bourbon.
L’enquête se poursuit, d’autant que plusieurs élus ont d’ores et déjà porté plainte.
L’objectif : venger les « victimes de l’UMP »
Depuis hier on dispose d’informations plus précises sur l’origine de ces fuites. C’est précisément Christian Jacob, le lieutenant de Jean-François Copé et le patron du groupe UMP à l’Assemblée, qui a mené l’enquête et informé hier matin, à huit clos, ses collègues. Christian Jacob leur a lu à voix haute le communiqué de revendication de cette action de terrorisme informatique :
« A tous les gardés-à-vue,
Aux banlieues karcherisées,
Aux manifestants battus,
Aux journalistes espionnés,
Aux demandeurs d’asile ignorés et matraqués,
Aux Roms stigmatisés, traqués et expulsés,
A toutes les victimes de l’UMP,
Nous vous livrons leurs coordonnées.
Oeil pour oeil, dent pour dent.
Des hakers-militants »
Une nouvelle forme de militantisme politique
Alors j’ai réussi à me connecter à ce site pirate qui revendique l’action, baptisée « UMP watch », en référence à deux précédentes opérations de piratage : Copwatch, un site spécialisé dans la dénonciation des violences policières, qui a publié récemment des photos de policiers ; et Fafwatch, un site qui traque les militants et responsables d’extrême droite et avait notamment publié cet été la liste des responsables locaux du Front national.
Ce qui est sûr c’est qu’on a affaire à une nouvelle forme de militantisme politique : des hackers, des pirates qui font ça pour des raisons politiques. Leur discours glorifie la liberté d'expression, conspue l'autoritarisme, refuse les compromis. Le ton de leurs communiqués est comme posé et exalté à la fois.
L’UMPwatch est probablement un travail préliminaire. Il est possible qu'ils publient 3 000 noms dans les prochaines heures.
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