Invasion du Capitole par des militants pro-Trump: récit d'une soirée qui va rentrer dans l'Histoire

EXPLIQUEZ-NOUS - L’Amérique a vécu une journée dramatique mercredi avec les militants pro-Trump qui ont envahi le capitole et interrompu la cérémonie de validation de l'élection de Joe Biden. Peut-on parler d’une tentative de coup d'État ?
Les télés américaines ont plutôt utilisé toute la soirée le mot "sedition". Ce qui veut dire, une émeute, une insurrection. Une insurrection pas du tout spontanée. C’est bien Donald Trump qui avait appelé ses militants à se rassemblé mercredi à Washington, et c’est lui qui a invité les dizaines de milliers de manifestants à se diriger vers la colline du capitole, le siège du Congrès qui était réuni pour la cérémonie de certification des résultats de l'élection, c’est à dire de la victoire de Joe Biden.
Que s'est-il passé exactement ?
Les manifestants les plus déterminés ont escaladé un mur. Atteint une terrasse, brisé des fenêtres, et pénétré dans l’immense bâtiment. Ils ont interrompu les débats, provoqué l'évacuation des parlementaires et du vice-président Mike Pence.
Ils ont occupé les deux hémicycles, et posé dans le bureau de la présidente de la chambre. Il y a eu des affrontements avec des policiers débordés. Des coups de feu ont été tirés. Le bilan de ce matin est d’au moins 4 morts.
Qui étaient ces manifestants ?
A l'extérieur des dizaines de milliers de militants pro-Trump sincèrement persuadés que les élections ont été truquées. Et donc ayant le sentiment de défendre la démocratie et non pas de l'attaquer.
Mais à l'intérieur c’étaient souvent des militants d'extrême-droite. Des membres du mouvement Qanon. Ces milices complotistes qui haïssent les financiers et les médias. Et qui accusent toutes les élites d'être des pédophiles que seul Trump combattrait. Ils brandissait des drapeaux des États confédérés, symbole des suprémacistes blancs.
Que faisait Donald Trump pendant ce temps ?
Il était à la Maison Blanche. Tous ses proches l’ont supplié de lancer des appels au calme et à l'évacuation du congrès. Mais il est resté longtemps silencieux.
Puis il a fait un tweet pour appeler ses partisans à respecter les forces de l'ordre et à rester calme. Mais dans rester calme. Il y à “rester”. Il ne les appelait pas à quitter les lieux.
A 16 heures, Joe Biden a pris la parole et a solennellement demandé à Donald Trump d’intervenir à la télévision pour mettre un terme au siège du capitole.
Ce que le président a fait une demi-heure plus tard. Dans une courte vidéo enregistrée, il demande à ses partisans de rentrer à la maison. “Gome home, I love You”. "Je vous aime, vous êtes formidables”. Autrement dit, il n’a pas désavoué ceux qui ont investi le parlement. au contraire, il les a salué. Mais il leur a quand même enfin demandé de quitter les lieux.
Les forces de l'ordre ont fini par reprendre le contrôle de la colline du capitole mais bien tard. Pendant deux ou trois heures, les émeutiers ont fait ce qu’ils voulaient sans rencontrer de résistance. Pourtant cette manifestation était prévue de longue date.
C’était la dernière chance des partisans de Trump de contester l'élection. Il va falloir analyser les raisons de ce terrible échec des forces de sécurité. Finalement avec d'énormes moyens, l'armée et la police ont évacué le bâtiment et les environs. Un couvre feu a été instauré.
Et les parlementaires ont pu revenir pour certifier les résultats, c'est à dire la défaite de Donald Trump.
Vers une destitution?
Le débat cette nuit à Washington porte sur les responsabilités de Donald Trump et sur une possible destitution. L’utilisation du 25e amendement qui permet s’il y a l’accord d’une majorité des membres du gouvernement d’écarter un président. Trump dans ce cas ne finirait pas son mandat.
Et serait remplacé par le vice-président Mike Pence pour les 15 jours qui restent. Mike Pence qui a été impeccable tout au long des événements. Et en attendant, tous les réseaux sociaux ont suspendu les comptes du président pour qu’il ne puisse plus s’exprimer.
On va retenir la date du 6 janvier 2021. Elle va rester dans l’histoire américaine. Le jour où le bâtiment sacré du parlement, le capitole a été profané. Le jour où la démocratie a été humiliée. Le jour où l'Amérique a ressemblé à une dictature du tiers monde.
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