Les invités du jour

Dialogue à trois ce matin dans Bourdin & Co ! Naboudou Bamba, lycéenne sans-papiers régularisée, Jérôme Martinez, responsable de la Cimade (association qui aide les étrangers qui cherchent à être régularisés et qui fait partie du Réseau Education Sans Frontière) en Ile-de-France et Thierry Mariani (au téléphone), député du Vaucluse, rapporteur UMP du projet de loi sur l?immigration et l?intégration, ont abordé un sujet d?actualité très sensible : la régularisation des sans-papiers?
Naboudou Bamba :
Cela fait à peu près 4 ans qu?elle est arrivée en France, avec un billet d?avion. Elle est venue en tant que touriste, pour un séjour de 15 jours. Mais elle avait décidé de rester en France avant de partir. Elle a 19 ans. Elle vit chez sa s?ur : "Je ne savais pas que je devrais un jour quitter la France. Je suis venue à cause de la guerre dans mon pays en Côte d?Ivoire. Je n?ai plus de famille là-bas. Mes parents sont décédés. Aujourd?hui, j?ai une autorisation de séjour de 3 mois. Je vis avec la peur d?être expulsée. Je vis avec le désespoir aussi. J?en veux au gouvernement. J?attendais mieux quand même de la France vu comment on en parle en Côte d?Ivoire : pays des libertés, droits de l?homme? Je me sens à la fois française et ivoirienne, moitié-moitié, parce qu?on ne peut pas renier ses origines. Si je rentre en Côte d?Ivoire, je serai obligée de faire comme toutes les filles de là-bas qui profitent de leur corps parce que y a pas grand-chose à faire. T?as pas de diplôme, t?as pas de boulot, t?as pas de maison là-bas. Je peux pas rentrer en Côte d?Ivoire donc autant rester dans la clandestinité. On ne quitte pas son pays par plaisir? Et si je viole la loi, je suis prête à en assumer la conséquence".
Jérôme Martinez :
"20000 demandes de régularisation ont été déposées, soit pour des enfants scolarisés qui n?ont pas de papiers, soit pour les parents d?enfants scolarisés. Y en a 20000 qu?on connaît et sûrement d?autres milliers qu?on ne connaît pas, des gens qui attendent de voir comment les choses vont évoluer dans les mois à venir. Ce sont des gens qui sont venus soit pour demander l?asile soit pour demander un regroupement familial soit pour bénéficier de la loi en général au niveau des étrangers qui ont été exclus de ces droits là. Le parcours de régularisation des étrangers devient de plus en plus compliqué. On ne fait pas le choix de la clandestinité avec tout ce que ça implique comme difficultés au quotidien. Je crois qu?il faut sortir du schéma politicien là-dedans. Ce n?est pas une question de gauche ou de droite. La maîtrise de la langue est un élément trop subjectif. Ce qui est réellement objectif, c?est l?entrée en France, c?est la scolarisation et c?est la situation de la famille".
Les personnes expulsées passent par des centres de rétention : "Ce ne sont pas des prisons ni des commissariats. On a dedans des situations de désespoir qui sont terribles. On a nous l?impression que les droits des personnes ne sont plus respectés dans ces lieux là. Violer la loi c?est l?administration qui le fait dans beaucoup de moments dans ces endroits".
Thierry Mariani :
"On en est là à cause d?un héritage socialiste et parce que des gens ont violé la loi. Le regroupement familial en France ça n?existe pas. On demande le regroupement familial avant d?arriver en France. Une partie des personnes qui demandent à être régularisées est victime du laxisme socialiste [...]. Il faut tenir compte de chaque cas individuel".
Rappel : certains critères sont nécessaires pour être régularisé depuis septembre 2005 : l?enfant doit être né en France ou doit y habiter depuis l?âge de 13 ans ; il ne doit pas avoir de lien avec le pays dont il a la nationalité ; ses parents doivent contribuer à son entretien, à son éducation ; il faut prouver une réelle volonté d?intégration, notamment en parlant français.
En photo : Jérôme Martinez écoute attentivement Naboudou Bamba?
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