"Je me sens vide, on m'a pris quelque chose": avec "#IWasCorsica", la parole des femmes corses se libère contre les violences sexuelles
La colère et la douleur des centaines de femmes en Corse, déterminées à briser le silence. Elles ont défilé dimanche à Ajaccio contre les violences et agressions sexuelles.
C'est au tour des femmes corses de crier leur colère. Depuis quelques semaines un véritable élan de dénonciation d'agressions sexuelles est lancé. Dimanche elles étaient entre 400 et 600 à manifester dans les rues d'Ajaccio dans le sud de l'île.
Un cortège au son des "non, c'est non", ou encore "violeur à toi d'avoir peur". Ce mouvement Corse est né sur Internet. A l'image de "Me Too" ou "Balance ton porc", c'est un hashtag qui a éveillé les consciences. Celui né début juin aux Etats-Unis, le hashtag "I Was", suivi de l'âge de ces femmes qui ont été victime d'agression sexuelle.
"Le fait de crier nos âges nous libère"
Dans le cortège une très grande majorité de femmes, ainsi que le maire d'Ajaccio, Laurent Marcangeli. Les organisatrices de la manifestation ont été reçues dimanche soir par le préfet de Corse après la manifestation, à la demande de Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes.
Il y avait dans cette manifestation inédite en Corse, beaucoup d'émotion. En tête de cortège Célia est venue apporter son témoignage.
"Je n'en n'ai pas parlé tout de suite, ça m'a fait du mal. Ca fait onze mois que j'ai des crises d'angoisses tous les soirs, que je ne peux plus dormir sur le ventre. Je me sens vide, on m'a pris quelque chose."
Elles sont nombreuses en larmes dans le cortège. En larmes, mais libérées explique Célia. "Le fait de crier nos âges nous libère, ça nous fait du bien", salue-t-elle.
"En Corse, on se dit qu'on est une île tranquille, où la femme est protégée, alors que pas du tout"
Alors pourquoi ce phénomène en Corse précisément. Parce que nous sommes sur une île, disent ces jeunes filles, et que tout le monde se connaît. Dans l'imaginaire les agressions sexuelles n'existaient pas. Mais Internet a donc permis d'éveiller les consciences.
"En Corse, on se dit qu'on est une île tranquille, où la femme est protégée alors que pas du tout. Quand on voit le nombre de personnes réunies ici on se rend compte que l'on n'est pas du tout en sécurité."
Les manifestantes ont pu rencontrer le préfet dimanche soir pour donner leurs revendications, et envisage maintenant des plaintes collectives qui pourraient être déposées cette semaine.
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