"Je crois qu’on peut être muselé!": des enseignants craignent pour leur liberté d'expression avec l'arrivée de la loi Blanquer

Un enseignant de l'Hérault, qui avait critiqué la réforme de Jean-Michel Blanquer, avait été sanctionné par sa hiérarchie.
Le projet de loi "pour une école de confiance". La fameuse loi Blanquer arrive au Sénat à partir de mardi. Au départ, cette loi avait pour ambition principale, et plutôt consensuelle d'abaisser de 6 à 3 ans l'age de la scolarité obligatoire. Mais depuis qu'il a été adopté en première lecture à l'Assemblée, les Sénateurs ont très largement modifié le texte en commission.
Et finalement avec cette réforme pas de changement majeur. En revanche, une disposition inquiète les enseignants. Il s'agit de l’article 1 qui prévoit d’instaurer "un devoir d’exemplarité". Les syndicats craignent une volonté de museler les profs. Illustration dans l’Hérault, à Lodève, où un enseignant qui avait critiqué la réforme Blanquer, a été sanctionné par la hiérarchie.
Sébastien Rome s’opposait au rapprochement d’écoles et de collèges souhaités par Jean-Michel Blanquer, et l’avait fait savoir à la radio, ce qui lui avait attiré les foudres de sa hiérarchie. Quelques semaines plus tard, l’enseignant assume à 100%.
"Je crois que si l’on n’use pas de manière réservée de sa liberté d’expression, je crois qu’on peut être muselé! Mais il ne faut pas hésiter en tant qu’enseignant à rentrer dans le débat public, parce qu’on est des citoyens comme les autres, et on a à parler de notre quotidien"; explique-t-il.
Un fronde syndicale
L’enseignant de Lodève a reçu une lettre d’admonestation pour condamner sa prise de parole. L’avocat de l’enseignant, Maitre Luc Moreau, a adressé un recours hiérarchique au ministre.
"C’était une prise de parole tout à fait personnelle. Un fonctionnaire lorsqu’il n’est pas en fonction peut avoir des activités militantes, associatives, syndicales politiques, et c’est dans ce cadre-là que Monsieur Rome s’exprimait", affirme l'avocat.
Face à ce recours et face à la fronde syndicale de toute la profession, le directeur académique a décidé que cet épisode ne figurerait pas dans le du dossier administratif de l’enseignant. Pour autant, la question de la liberté d’expression, pour les enseignants, n’est toujours pas réglée.
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