"Je vais me battre jusqu’à la fin": sur le front depuis le début de la crise sanitaire, une aide-soignante albanaise menacée d'expulsion

DOCUMENT RMC - Depuis Caen, où elle vit depuis plusieurs années, Arta craint aujourd'hui d'être raccompagnée à la frontière avec sa famille alors qu'elle se dit menacée dans son pays.

En première ligne durant l'épidémie et renvoyée, finalement, manu militari? 

Arta, une Albanaise qui travaille comme aide de vie dans un Ehpad de Caen, est aujourd'hui menacée d'expulsion. Arrivée en France en 2015, cette mère de famille de 39 ans avait pu bénéficier d'un titre de séjour renouvelable pour que son fils handicapé soit soigné en France. 

Mais depuis l'été dernier, elle est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire avec sa famille. Elle assure pourtant être menacée dans son pays. Derrière Arta, c'est tout un Ehpad qui est mobilisé, et même soudé. Cette aide de vie de 39 ans a trouvé à Caen, bien plus qu'un refuge.

“J’ai trouvé ma deuxième famille. Mes collègues sont gentils, la direction aussi. Je me sens comme chez moi, je me sens bien, je suis libre ici. Je veux rester en France, je vais me battre jusqu’à la fin”, assure-t-elle.

Désormais, sans papier, cette mère de famille risque à chaque déplacement un contrôle de police et donc un raccompagnement à la frontière. Insensé pour ses collègues. "Elle a un CDI, en 2021. Ça fait six ans qu’elle est sur le territoire, elle a été embauchée au sein d’une association humanitaire. Ce n’est pas normal aujourd’hui qu’elle n’ait pas de papier”, estime une employée.

Une lettre adressée au Préfet

D'autant que dans ce contexte, le secteur manque de bras. L'Etat cherche à recruter 7500 infirmiers et aides-soignants pour faire face à la crise.

“On manque de personnels soignants et là, on veut nous retirer une bonne soignante. C’est injuste, en plus elle risque sa vie dans son pays. Elle fait partie de notre équipe, de l’établissement, elle a sa place ici”, assure-t-elle.

Le président de la Croix-Rouge de Caen a envoyé un courrier au Préfet pour trouver une solution à Arta et à sa famille. Courrier resté pour l'instant lettre morte.