Jean-Louis Borloo en campagne

Jean-Louis Borloo lance sa pré-campagne présidentielle et interpelle Nicolas Sarkozy sur la crise de la dette européenne. D’après lui, le sujet est grave au point de demander au président de convoquer le parlement en congrès à Versailles. Une bonne idée ou un coup médiatique ?
Qu’est-ce que Jean-Louis Borloo a en tête ? Voici la question que beaucoup de personnes se posent. Ce n’est pas facile de réunir tous les parlementaires à la fin du mois de juillet ou en plein mois d'août à Versailles pour un débat sans vote. Et ça coûte cher. En juin 2009, quand Nicolas Sarkozy avait voulu expliquer ses grandes orientations économiques à Versailles cela avait coûté 400 000 euros pour un résultat plutôt mitigé. Si Nicolas Sarkozy devait parler aux Français après le sommet extraordinaire de jeudi à Bruxelles, il choisirait sans doute la télévision. Sans compter que la proposition de Jean-Louis Borloo au chef de l'Etat a 98% de chance d'être retoquée par le président. Sa démarche semble donc politicienne.
Jean-Louis Borloo voulant être candidat pour 2012, c’est normal qu'il veuille se poser comme un homme d'Etat sur un sujet comme la crise de la dette ?
Oui, c'est normal qu'il s'affirme sur un sujet qui lui tient très à cœur et il est sincèrement soucieux du poids de la dette qu'il juge immoral pour les générations futures et si la situation est dramatique dans six jours, on dira sans doute qu’il avait raison. En attendant, c’est une manière se s’affirmer pour 2012 sans pour autant se déclarer.
L'Élysée met-elle la pression sur ses amis centristes ?
En coulisse, l'ancien ministre de l'Outre-mer, Yves Jégo, en a fait les frais. Lors de sa rencontre avec le chef de l’Etat, celui-ci était furieux de le voir suivre Jean-Louis Borloo. C'est pour t'aider au bon moment, lui dit Jégo : "Si tu me prends pour un imbécile, la porte c'est par là », lui a répliqué le président. Le mot d'ordre désormais c'est d'être intraitable avec les amis de Jean-Louis Borloo.
Et Jean-Louis Borloo, qu'en pense-t-il ?
Lui, il s'en fiche de tout cela, il semble ne pas avoir le temps. L'été est studieux pour le président de l'alliance républicaine. A peine une petite semaine de vacances début août puis il ira à la rencontre des Français qui travaillent et des jeunes qui ne partent pas en vacances. En coulisse, il travaille sur la fiscalité et défendra une grande reforme avec suppression de toutes les niches fiscales.
Mais va-il vraiment se présenter comme candidat à la présidentielle ?
C'est ce qu'il laisse entendre mais l’affirmera au début de l'automne. En fin politique, il nous met en garde et nous confie que pour lui la campagne va se décanter en février 2012, lorsque l’on verra nettement si l'élection se joue au centre ou plus à droite qu'à l'UMP. Jean-Pierre Raffarin, lui, croit en sa candidature. Ce poids lourd de l'UMP recevait Borloo, hier à Poitiers. En coulisse, Borloo n'est pas si sûr que ça d'y aller et a confié ses états d'âme à quelques parlementaires. Bien que très populaire, il ne dépasse pas les 10% d'intention de vote. Un score qui pèse peu mais qui se négocie. Tout de suite, bien sûr, on pense à un poste de Premier ministre. En tout cas, c’est notre info RMC, la mairie de Paris ne l'intéresserait pas. Un trop gros panier de crabes, selon ses dires. Néanmoins, avec beaucoup de sagesse, Borloo confie : après l'affaire DSK, bien malin qui peut savoir se qui se passera au-delà de 3 mois.
Écoutez ci-dessous « Les coulisses de la politique » de ce mardi 19 juillet 2011 avec Véronique Jacquier :
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